Understanding Pictures et la question de la référence iconique

Résumé Fr

Après un bref rappel de la « théorie de la reconnaissance d’aspect » qui fit à juste titre le succès de l’ouvrage de Dominic McIver Lopes Understanding Pictures (New York, Oxford University Press, 1996 ; récemment traduit en français par Laure Blanc-Benon : Comprendre les images. Une théorie de la représentation iconique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Aesthetica », 2014), je concentre l’analyse sur un problème spécifique : celui de la référence iconique. Lopes propose une théorie de la référence hybride, à la fois descriptive et causale, où l’image dénote l’objet ayant servi de source aux informations visuelles qu’elle donne à voir et sur la base desquelles l’identification de l’objet comme source est précisément rendue possible. Aussi efficace et élégante que soit cette théorie, elle se heurte cependant à trois cas problématiques où se manifeste à chaque fois un décalage entre la source et le sujet de l’image : les images fictionnelles, les images génériques et les images à référence indirecte. Dans ces trois cas, reconnaître la source de l’image n’équivaut plus à reconnaître son sujet. Cette difficulté met selon moi en évidence les limites d’une approche de la représentation iconique refusant de prendre en compte les éléments de cadrage pragmatique et contextuel qui organisent la réception et la compréhension de l’image. Elle incite également, dans le cas du photojournalisme notamment, à pointer les enjeux politiques et moraux d’un possible hiatus entre contenu, sujet et source de l’image.