2003
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Isabelle Ligier-Degauque, « Le topos de la preuve dans la littérature dramatique au XVIIIe siècle », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.10e27b...
La notion de « preuve » est étudiée dans le contexte des scènes de reconnaissance qui abondent dans la littérature dramatique du XVIIIe siècle. L’engouement manifesté pour ce moment d’intense émotion est corrélatif d’un goût de plus en plus prononcé pour les larmes. Les tragédies de Voltaire ou de Houdar de la Motte, entre autres, cultivent cette sensibilité à fleur de peau et multiplient les occasions de pâlir et de s’attendrir, bientôt secondées dans cette entreprise pathétique par Diderot et les tenants du drame bourgeois. La scène de reconnaissance est vite pervertie par l’utilisation trop systématique d’ingrédients éculés que le spectateur relève en connaisseur des conventions dramatiques, sans plus compatir avec les malheurs offerts à sa pitié. Aussi, dès le XVIIIe siècle, certains esprits critiques vont-ils s’élever contre l’aliénation collective que suppose un tel débordement émotionnel, et proposer une réécriture parodique des scènes de reconnaissance pour lesquelles on se pâme. La parodie fonctionne alors comme le miroir déformant d’un topos qui se dégrade en recette théâtrale au fil de ses occurrences dramatiques.