1 novembre 2021
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Maryam Thirriard, « La biographie fictive comme nouvelle voix pour les vies féminines : Flush et Orlando de Virginia Woolf. », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/ebc.11365
Dans son essai, Trois guinées, Woolf analyse la vulnérabilité de la voix des femmes. Selon elle, c’est « l’influence » qui manque aux femmes : le fait qu’elles n’aient ni pouvoir, ni éducation les rend inaudibles. Les femmes demeurent exclues de la sphère publique, sans droit à la parole (Woolf 2015, 116). Cependant, le lecteur se rend compte que Woolf a transformé cette condition d’exclusion en une forme de résistance, en refusant elle-même d’investir cette sphère publique dominée par la voix patriarcale. Dans les années 20, consciente de l’invisibilité récurrente des femmes, Woolf veut écrire une biographie de femme ; ce sera Orlando (1928), la biographie fantastique de son amie Vita Sackville-West, suivie, quelques années plus tard, par Flush, qui décrit la vie de Elizabeth Barret Browning à travers son chien. Au contraire, sa biographie de Roger Fry ne sera pas fictionnelle. Pourquoi Woolf choisit-elle de fictionnaliser ses biographies de femmes ? Cet article avance l’argument que, tout comme le choix assez peu conventionnel de rester à la marge pour mieux combattre l’inégalité des sexes et le militarisme, Woolf utilise la fiction en biographie comme outil politique, car cela lui permet de créer un mode de représentation alternatif. La fiction permet à Woolf de compenser le manque de visibilité de ses sujets féminins. En même temps, elle développe une stratégie capable de produire une représentation innovante et politique de ces femmes dont elle dresse le portrait.