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Camille de Belloy, « Thomas d'Aquin: l'âme en tension », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.114o5t
Les principaux textes où Thomas d’Aquin traite de l’âme humaine révèlent une pensée en tension constante. Dans une lignée qu’on dira aristotélicienne, l’âme est définie par lui comme « acte » et « forme » du corps sensible, selon son rapport à la nature spécifique et complète de l’être humain. Cette vigoureuse conception de l’âme écarte tout dualisme de l’âme et du corps, et dissipe du même coup un spiritualisme faussement chrétien qui réduirait la personne à sa seule âme. C’est même ce qui permet à l’Aquinate de dégager les traits constitutifs du corps humain. Mais si l’âme est forme du corps, si elle est à ce point liée au corps, comment ne disparaîtrait-elle pas avec lui, à la mort ? À cette question le pur hylémorphisme aristotélicien n’apporte pas de réponse. D’où, dans une lignée plus augustinienne, voire platonicienne, l’accent tout aussi fort mis par Thomas sur l’indépendance de l’âme, sa « subsistence ». Cette subsistence, l’âme humaine (anima) ne la tient pas de sa nature spécifique de forme du corps, mais de cela seul qu’elle est « esprit » (mens) ou « intellect » (intellectus), c’est-à-dire en tant qu’elle possède la puissance spirituelle la plus haute, qu’elle partage avec les substances dites « séparées », les créatures spirituelles.