Écrire l’informel de Michel Tapié : genèse et histoires de la réception d’un discours critique des années cinquante

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Paris, 1950. La capitale française, plongée dans la reconstruction politique, économique, et culturelle du pays doit faire face à de nombreux défis qui interrogent son identité. La Seconde guerre mondiale a foncièrement modifié l’ordre international et la France doit apprendre à composer avec des forces géopolitiques nouvelles. La scène artistique parisienne est alors profondément influencée par les déplacements artistiques qui accompagnent la montée en puissance du pouvoir politique, économique et culturel des États-Unis : Paris n’est plus le cœur bouillonnant - et fantasmé - de l’activité artistique internationale. L’art informel, conceptualisé et diffusé par les écrits et les activités du critique d’art Michel Tapié de Ceyleran a fait partie des termes stigmatisés par l’historiographie de l’art du XXème siècle. Il s’agit cependant de constater que, malgré les critiques qui lui ont été faites, malgré la distance avec lequel il a été utilisé par les acteurs de l’histoire de l’art depuis les années soixante, malgré le désintérêt qui l’a entouré durant de nombreuses années dans le champ des études en histoire de l’art en France, l’informel est un terme qui a réussi à survivre en pointillé dans l’appareil opératoire du discours sur l’art. L’historiographie des artistes européens des années cinquante ayant appartenu au réseau de l’art informel est aujourd’hui encore largement émaillée de références à Michel Tapié et à ses concepts esthétiques. Afin de comprendre la portée de ce système dynamique, ce travail ambitionne ainsi de porter un regard sur les biais et procédés historiographiques qui ont permis aux historiens de se saisir - ou non - de cet objet théorique depuis les années soixante.