Religiosités indiennes

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Le 7 octobre 2023, l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas, soutenu par d’autres groupes armés tels que le Jihad islamique palestinien ou le Front populaire de libération de la Palestine, a laissé la société israélienne profondément et durablement meurtrie face au déchaînement de violence qui s’est abattu sur elle ; une population restée totalement abasourdie devant une offensive que ni les services de renseignement, ni l’armée n’ont pu anticiper ou déjouer. Deux mois se sont écoulés. Gaza a été massivement bombardée, les appels à un cessez-le-feu se sont multipliés au sein de la communauté internationale, et une trêve de six jours a permis la libération de premiers otages. Mais cette suspension des hostilités ne signifiait nullement la fin du conflit, qui a repris dans l’ensemble de la bande de Gaza de manière particulièrement intensive. Le risque d’embrasement de toute la région reste majeur. Si de nombreux chefs d’État se sont succédé auprès de Benyamin Netanyahou pour avancer diverses propositions de résolution de cette guerre, sans succès, d’autres n’ont pas hésité à instrumentaliser l’attaque du Hamas à fins de politique interne. En Inde, par exemple, la violence terroriste qui a visé Israël a été assimilée aux attentats qui l’ont touchée au cours des années 2000. L’objectif est d’alimenter un nationalisme religieux autour de la communauté hindoue. Dans la perspective des élections générales qui se dérouleront dans quelques mois, le soutien de cette majorité religieuse constitue un objectif prioritaire pour Narendra Modi.Ce nouveau Bulletin de l’Observatoire propose ainsi de s’attarder sur les religiosités indiennes, celles d’un État devenu partenaire stratégique privilégié de la France : le ministre Sébastien Lecornu a accueilli son homologue indien en octobre pour le cinquième dialogue annuel sur la défense ; les exercices militaires conjoints se multiplient. Or le religieux est au cœur du jeu politique du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP). Les trois articles du dossier de ce nouvel opus constituent ainsi un éclairage particulièrement utile pour appréhender les enjeux religieux qui traversent la société indienne contemporaine. Tout d’abord, Sumit Ganguly analyse le poids de la religion au sein de l’armée indienne, étude très éclairante au regard du peu de données disponibles sur cette question. Swayam Bagaria revient dans un deuxième temps sur la diplomatie providentielle de l’Inde qui a marqué le G20 organisé à Delhi en septembre dernier. Enfin, Sunil K. Choudhary expose les spécificités de la sécularisation indienne. Ce dernier article reflète un courant aujourd’hui bien présent dans le monde académique indien, mais qui peut être critiqué pour sa proximité avec un hindouisme militant présentant les religions non-hindoues pour des pièces rapportées et adoptant comme des réalités objectives des concepts éminemment politiques et polémiques. Plus qu’une analyse universitaire sur le sujet, il constitue ainsi avant tout une démonstration d’un chercheur de ce courant.L’Éclairage(s) est rédigé par François Mabille. Le chercheur décrypte les enjeux de la visite du pape François et des Rencontres méditerranéennes organisées à Marseille.Enfin, la Ressource(s) est consacrée au décret interdisant le port du niqab pour les élèves de l’enseignement primaire et secondaire égyptien. Alexis Blouët revient sur le contexte de l’adoption de ce texte et sur les finalités visées par cette interdiction.