Le statut de l’auctor dans l’Ordre des Prêcheurs, d’après les recueils d’exempla (XIIIe-XIVe siècle)

Résumé En Fr

Polo de Beaulieu (Marie-Anne), The auctor's status in the Order of Preachers - based on the Collections of Exempla (13th-15th centuries). The meaning of the word « author » in the 13th and 14th centuries has to be considered under the light of the intellectual background of the time. Very often, « auctor » stands for « God » and is thus an eminent name to bear, but it nonetheless represents a proof of competence. In the Order of Preachers, the author’s work is acknowledged, supervised and even requested by orders coming from the General Chapters. Two traditions can be found in the genre of the collection of exempta : the collection is either based on oral sources essentially and on the author’s personal experience - the author intervening often in his work - or it puts together sources that are largely of a written type — in this kind of collection, the author seems to withdraw behind the « auctoritates » that he has selected and set out. The first mode is embodied by Thomas of Cantimpré in his Bonum Universale de Apibus and the second by Jean Gobi The Young in his Scala Coeli.

Le concept d’auteur au XIIIe et XIVe siècle doit être réinterprété à la lumière du paysage intellectuel de l’époque. Auctor désigne très souvent Dieu, c’est donc un titre lourd à porter, qui est néanmoins présenté comme gage d’autorité. Au sein de l’ordre des frères Prêcheurs l’activité de l’auteur est reconnue et encadrée, voire sollicitée par des commandes issues des chapitres généraux. Dans le genre des recueils exempta deux traditions se distinguent : le recueil fondé essentiellement sur des sources orales et l’expérience personnelle de l’auteur, qui est appelé à intervenir fréquemment dans son ouvrage ; et le recueil compilant des sources essentiellement écrites ; dans ce dernier cas l’auteur semble s’effacer derrière les auctoritates qu’il a sélectionnées et organisées. La première voie est illustrée par Thomas de Cantimpré dans son Bonum universale de apibus et la seconde par Jean Gobi le Jeune dans sa Scala coeli.