2002
Cairn
Jean Laé, « Émotion et connaissance : L'emprise du sensible dans l'enquête sociologique », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.132286...
Quel est l’intérêt pour l’enquêteur de prendre comme source d’information les émotions, les silences, les mots souffrants, à peine audibles, ou les faits divers en désordre ? Un conseil usuel donné aux enquêteurs consiste à écarter ce mode mineur de la réalité. Or, ce qu’on éprouve lors d’une enquête a une fonction de connaissance. Éprouver un silence, c’est se tenir à un point d’étouffement de la parole qui agit sur l’événement raconté. Analyser les sentiments et les émotions comme des sédiments sociaux, c’est interpréter les peurs, les incertitudes, l’effroi, les craintes que le sociologue doit prendre en charge. Parce que celui-ci enquête aussi avec son corps, « éprouver » est une source d’intelligibilité.