Ce que la didactique doit à la phonétique : l'hypothèse du chaînon manquant

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2024

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Laura Abou Haidar, « Ce que la didactique doit à la phonétique : l'hypothèse du chaînon manquant », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.1457b7...


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Résumé En Fr

In the history of language-teaching methodologies, the system set up for language teaching in the American army, better known as the "American Speech Training Program" (ASTP) (Palmer et al., 1948), is considered a major step that allowed for the massive and systematic use of sound media for didactic purposes during the era of magnetic tapes. The methodological framework of reference is the audio-oral method, « fortement inspirée par les linguistes structuralistes et distributionnalistes (Zelling et Harris) et par la psychologie behavioriste de l’apprentissage (Skinner). L’Audio-Lingual Method (A.-L. M.) visait à faire acquérir des automatismes dans la langue étrangère (…). Fondée sur la répétition, la base pédagogique des exercices est apportée par une gamme très variée d’exercice structuraux phonétiques, mais surtout syntaxiques, construits sur le schéma skinnérien (…) » (Cuq [dir.], 2003 : 28).It is generally accepted that the field of foreign-language teaching in Europe, and particularly in France, has benefited greatly from the spread of this methodology, to which the expansion of the language laboratory for teaching purposes is commonly attributed. Authors often consider that the massive use of the language laboratory for teaching foreign languages dates back to the audio-oral method (Germain, 1993), inherited from the ASTP program.However, there is an episode in the history of language-teaching methodologies that has perhaps not been fully appreciated: the influence of Théodore Rosset and his teaching of phonetics for didactic purposes in Grenoble in the first part of the twentieth century. More generally, the importance of the transfer of knowledge and skills from France to the United States in technology-based language teaching in the period leading up to the First World War has also been underestimated.These are the aspects at the heart of this paper: we will first address, in a historical retrospective, the emergence and central place of the teaching of phonetics for didactic purposes to foreign students and teachers in Grenoble at the beginning of the twentieth century. We will then focus on the American public, both civilian and military, who attended the Comité de patronage des étudiants étrangers (CPEE) courses from 1898 until the eve of the Second World War. The purpose of our reflection is to submit to historical evidence the hypothesis of a "missing link" in the history of language-teaching methodologies.

Dans l’histoire des méthodologies d’enseignement des langues, le dispositif mis en place pour l’enseignement des langues dans l’armée américaine, plus connu sous l’appellation « American speech training program » (désormais ASTP) (Palmer et al., 1948) est considéré comme une étape majeure ayant permis l’exploitation massive et systématique à visée didactique de supports sonores, à l’époque des bandes magnétiques. Le cadre méthodologique de référence est celui de la méthode audio-orale, « fortement inspirée par les linguistes structuralistes et distributionnalistes (Zelling et Harris) et par la psychologie behavioriste de l’apprentissage (Skinner). L’Audio-Lingual Method (A.-L. M.) visait à faire acquérir des automatismes dans la langue étrangère (…). Fondée sur la répétition, la base pédagogique des exercices est apportée par une gamme très variée d’exercice structuraux phonétiques, mais surtout syntaxiques, construits sur le schéma skinnérien (…) » (Cuq [dir.], 2003 : 28).Il est généralement admis que l’Europe et en particulier la France pour ce qui est de l’enseignement des langues étrangères (désormais LE), ont grandement bénéficié de la diffusion de cette méthodologie, à laquelle on attribue communément l’expansion du laboratoire de langue à visée didactique. Les auteurs ont coutume de considérer que le recours massif au laboratoire de langue pour l’enseignement des LE date de la méthode audio-orale (Germain, 1993), héritée du programme ASTP.Or il est un épisode que l’histoire des méthodologies d’enseignement des langues n’a peut-être pas considéré à sa juste valeur : il s’agit de l’influence qu’a pu avoir Théodore Rosset et son enseignement de la phonétique à visée didactique à Grenoble dans la première partie du XXème siècle, mais aussi plus généralement, l’importance du transfert des savoirs et savoir-faire, depuis la France vers les Etats-Unis, de l’enseignement des langues basé sur les technologies, dans la période précédant la Première Guerre mondiale. Ce sont ces éléments qui seront au cœur de cette contribution : on y abordera dans un premier temps, dans une rétrospective historique, l’émergence puis la place centrale occupée par l’enseignement de la phonétique à visée didactique aux étudiants et enseignants étrangers à Grenoble au début du XXème siècle. On fera ensuite un focus sur le public américain, qu’il soit civil ou militaire, qui a fréquenté les cours du Comité de patronage des étudiants étrangers (CPEE) dès 1898, et ce jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale. Notre réflexion a pour objet de soumettre aux preuves historiques, l’hypothèse d’un « chaînon manquant » dans l’histoire des méthodologies d’enseignement des langues.

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