20 septembre 2023
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Jean-Paul Cadet et al., « Se construire comme tuteur de jeunes en formation professionnelle initiale: Une analyse en termes d’épreuves », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.15c042...
Massification de l’apprentissage, multiplication des stages pour les formations sous statut scolaire… : le tutorat de jeunes par des salariés se développent sensiblement dans les organisations. Il est donc essentiel de s’intéresser aux manières dont ces salariés se construisent comme tuteurs. Il y a là un enjeu qualitatif majeur.Comment est donc fabriqué le tutorat ? Quelle est la part d’autrui, i.e. le rôle conjoint de l’entreprise du tuteur, de l’établissement de formation auquel est rattaché le jeune, et de celui-ci lui-même ? Et quelle est la part de soi, i.e. la façon dont le tuteur investit ce rôle selon sa propre histoire, mais aussi selon son expérience antérieure du tutorat et selon celle, singulière, qu’il vit avec ce jeune ?Nous réexploitons ici des entretiens auprès de tuteurs et des observations de situations (interactions tuteurs-jeunes, co-évaluations avec des enseignants) effectués à la faveur d’une étude sur le tutorat de jeunes en bac pro.Ce matériau est analysé à l’aune du concept d’épreuve en ce qu’il permet de bien appréhender comment les tuteurs saisissent, vivent, transforment ce que leur entreprise, les enseignants et les jeunes leur impose ou leur propose, et comment ils se construisent ou se transforment alors.Il en ressort 3 grandes épreuves à affronter :•Une épreuve organisationnelle, car le tutorat est d’abord une affaire d’organisation (temps à consacrer à son travail et à la formation du jeune ? organisation de l’équipe ? etc.)•Une épreuve formative, car il implique une transmission de savoirs et donc des enjeux de didactique et de pédagogie (que transmettre à tel ou tel jeune ? selon quelles méthodes et quelle relation ? etc.)•Une épreuve consistant à montrer une certaine autorité éducative, car le tutorat requiert souvent de la régulation, voire le traitement de situations délicates pouvant aller jusqu’au renvoi du jeune, notamment quand les épreuves précitées n’ont pas été bien négociées.Partant, les manières de se confronter à ces épreuves donnent à voir un mode dominant de construction du tutorat fondé en France sur une sorte de bricolage contrastant avec celui, beaucoup plus organisé, que l’on constate en Allemagne, et générant une incertitude constante sur sa qualité intrinsèque, tout en étant vecteur potentiel de souplesse et d’inventivité.