7 avril 2021
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Vincent Flauraud et al., « Les CUMA et la JAC : Quelles contributions des militants jacistes au développement des Cuma ? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.164349...
Une explication répandue concernant l'implantation géographiquement hétérogène des Cuma attribue un rôle significatif dans leur création à la Jeunesse agricole catholique (JAC), mouvement de jeunesse et d'éducation populaire dont la vitalité, à son maximum dans les années 1950, a elle-même marqué inégalement les différentes régions françaises. D'une part certains s'attachent au fait que le livre contemporain (1950) du premier essor des Cuma, traitant de manière approfondie des enjeux relatifs à la mécanisation partagée et considéré comme un ouvrage majeur en la matière, est dû à René Colson, secrétaire général de la JAC de 1941 et 1947. D'autre part, divers auteurs ont relevé des concordances en rapprochant carte d'implantation des Cuma et carte d'implantation de la JAC. Cette hypothèse est explorée ici pour en identifier tant les composantes à valider que leurs limites. Le livre de René Colson, comme le discours jaciste qui en est ensuite largement issu (mais qui ne s'y limite pas), ne sont pas à considérer en soi comme des plaidoyers centrés sur les Cuma. En promouvant à la fois les formules et les valeurs autour de « l'association » et de l'entraide, ils ont bien offert des assises doctrinales et des analyses économiques et/ou sociales faisant des Cuma des options à considérer de façon favorable. Mais la confrontation cartographique entre implantation jaciste et implantation des Cuma à la fin du 20 e siècle montre aussi bien des convergences que des divergences : des régions à Cuma mais à faible vitalité jaciste passée, des régions jacistes où peu de Cuma ont émergé. Dans les zones de convergence, des jacistes devenus agriculteurs contribuent à créer une diversité de formes de mécanisation partagée, dont des Cuma, tandis que certains des plus militants s'engagent dans la structuration du réseau fédératif cumiste. Ceci, avec d'autres facteurs politico-économiques, va contribuer à créer des conditions plus favorables à l'organisation en Cuma à partir de la fin des années 1970, facilitant alors la conversion en Cuma d'anciens groupes d'entraide initialement créés par des ex-jacistes. Cette évolution a aussi été favorisée par la configuration technique des systèmes agraires fondés sur l'élevage laitier, orientation prédominante dans une partie des anciennes régions de forte implantation jaciste, et qui s'est révélée favorable au développement des Cuma.