La guerre « pacificatrice » de 1720 : la lutte sanitaire contre l'épidémie de peste de Marseille et sa représentation par la monarchie absolue

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2011

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Laurent Lemarchand, « La guerre « pacificatrice » de 1720 : la lutte sanitaire contre l'épidémie de peste de Marseille et sa représentation par la monarchie absolue », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.169f57


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Apparue à Marseille au début de l'été 1720, la dernière épidémie de peste française envahit rapidement la Basse-Provence en menaçant de se répandre en Languedoc et le long du Rhône vers Lyon. Contre cette offensive destructrice, à partir de septembre 1720 et pour plus de deux ans, la monarchie prit pour la première fois en France la tête de la lutte sanitaire. Un vaste dispositif de défense et de mise en siège des régions attaquées se déploya sur le terrain. Il fut commandé à Paris par un « Conseil de santé » ministériel créé auprès du Régent Philippe d'Orléans, et en province par des généraux comme le plus important de l'époque, le maréchal de Berwick. Ce n'est pas par artifice et avec difficulté que le registre militaire fleurit dans l'évocation de ce dramatique épisode : la riposte à la peste fut souvent guerrière. C'est suivant le mode militaire que la monarchie fit alors la guerre à cet autre fléau, qu'elle construisit un véritable dispositif de guerre, soutenu par une économie de guerre, une conception et une propagande de guerre ! À titre d'illustration, je publie en annexe (fig. 1) l'Ordonnance militaire d'un commandant du « front » du Rouergue, un genre de document très fréquent dans les archives monarchiques de la politique sanitaire, que je commenterai souvent dans mon développement. Mais pouvait-il s'agir d'une vraie guerre ? Si cette interprétation correspondait pour partie à des réalités de ce temps et à des conceptions héritées du XVII e siècle, elle se heurtait aussi à d'autres, à un contexte nouveau. La monarchie dut constamment réviser ses positions et mettre de l'eau dans son vin, ou plutôt de la paix dans sa guerre. Au mieux, même la politique sanitaire contre la peste fut ainsi une « guerre pacificatrice » dans laquelle, en fait, la paix domina la guerre. Au même moment, la Régence du jeune Louis XV réussissait à déconnecter le régime absolutiste hérité du Grand Roi de la guerre, un moteur essentiel de son développement au XVII e siècle mais devenu un frein insupportable avec les deux dernières et terribles guerres de Louis XIV. La France, ses populations comme son gouvernement aspiraient à la paix, ce qui constituait d'ailleurs l'objectif fondamental de la politique étrangère nouvelle du duc d'Orléans et de son ministre Dubois. Dans ce contexte contradictoire, nous chercherons à comprendre comment la politique sanitaire royale contre la peste de Marseille fut l'un des axes principaux du retournement de la monarchie de la guerre vers la paix.

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