Gide et les sciences humaines et sociales

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La deuxième journée franco-italienne André Gide, organisée le 2 novembre 2017 à l’Université de la Campanie – Luigi Vanvitelli, sous la responsabilité scientifique de Carmen Saggiomo et de Jean-Michel Wittmann et consacrée au rapport entre Gide et les sciences humaines et sociales, visait notamment à voir comment l’œuvre de Gide se fait l’écho des idées issues des nouvelles sciences sociales, s’en nourrit, les reprend, les déforme parfois et les soumet à sa critique. Les articles rassemblés dans les actes de cette journée proposent des éclairages ponctuels qui rendent compte à la fois de la diversité et de la pérennité de ces échos et de ces échanges, d’un bout à l’autre ou presque de la carrière de Gide. Pierre Masson souligne dans son article, "Gide ethnologue », que ce dernier, dès les années 1920, a pu percevoir l’Afrique comme un objet d’étude qui nécessitait une approche scientifique, parce qu’il conduisait à poser des « questions économiques, ethnologiques, géographiques ». Sociologue, et non spécialiste de littérature, Angelo Zotti, dans « La sociologie d’André Gide », met pour sa part en lumière, d’une façon neuve, la portée proprement sociologique des Caves du Vatican, par-delà les références à la criminologie de l’époque contenues dans le livre.L’article de Jean-Michel Wittmann, « Gide entre Darwin et le darwinisme social », rend ensuite compte de la manière dont des idées issues de la pensée de Darwin et appliquées ensuite, par extension, à la vie en société, comme celles de « lutte pour la vie » ou de « survivance du plus apte », réapparaissent régulièrement dans ses articles critiques, même si Gide, au contraire d’un Brunetière par exemple, qui fonde sa vision de l’histoire littéraire sur cette grille darwinienne, fait un usage plutôt opportuniste et non systématique de cet ensemble d’idées et de représentations. Stéphanie Bertrand, dont l’article s’intitule « Le traité gidien, au carrefour des savoirs et des disciplines scolaires », revient en particulier sur l’intérêt de Gide pour la philosophie et sur la manière dont sa « ferveur philosophique » a pu influencer et même informer directement et son style, et la poétique des œuvres désignées par lui comme des traités, même si le terme renvoie dans son esprit à des œuvres qui, par-delà la philosophie, abordent des questions d’ordre esthétique, pédagogique, économique, voire scientifiques, quand il s’agit de médecine ou de botanique. Enfin l’article de Riccardo Benedittini, qui porte sur les Souvenirs de la cour d’assise, montre comment ce texte, au même titre que L’Affaire Redureau et Faits-divers, fait se croiser différents point de vue : social, moral et finalement scientifique, à une époque où la criminologie est considérée comme une science auxiliaire du droit pénal.

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