2016
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/doi/10.5380/dma.v38i0.44429
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Bruno Bouet, « Construction de l'autochtonie et protection de l'environnement à l’échelle internationale: du conflit à la coopération? », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.5380/dma.v38i0.44429
Cet article a pour but de retracer la construction et l’interaction de deux « causes », celles de l’autochtonie et de la protection de l’environnement, sur la scène environnementale internationale en particulier. Les intersections multiples entre les intérêts des promoteurs de la reconnaissance de l’autochtonie et ceux de la protection de l’environnement dans le monde ont conduit à l’émergence de nouvelles recommandations internationales en matière de conservation environnementale. S’appuyant sur l’étude de la littérature grise attestant de ces interactions et sur une présentation du contexte initialement antagonique existant entre autochtonie et protection de l’environnement, nous montrerons que leurs porteurs ont néanmoins su entremêler leurs discours en vue d’accroître leur légitimité. Des discours aux pratiques, les acteurs internationaux de la conservation (WWF, UICN,…) sont en quête d’un nouveau « paradigme » en vertu duquel les aires protégées contemporaines promouvraient la reconnaissance des peuples autochtones en tant qu’« alliés naturels » de la défense de l’environnement. Ce discours repose cependant sur une définition écologisée de l’autochtonie qui ignore la question des inégalités socio-historiques accumulées à l’égard des peuples autochtones. Il semble également occulter le degré auquel la mission de conservation environnementale a pu historiquement générer et affermir ces inégalités, et reste enfin silencieux ou prudent quant à la perspective d’une éventuelle réparation de cette situation.