Religion de l’Humanité et révolution séculière chez John Stuart Mill

Résumé Fr En

Mill n’a pas pensé la sécularisation comme un simple affaiblissement des religions traditionnelles, mais s’est préoccupé de leur remplacement comme fondement de la stabilité sociale. La Religion de l’Humanité doit réorienter sur le progrès humain les aspirations religieuses. Liée à la neutralisation de la portée morale des religions théistes et surnaturelles sur le plan métaphysique, en cohérence avec l’engagement pour une éducation nationale séculière, la dimension religieuse de l’utilitarisme éloigne aussi Mill de Bentham. La comparaison avec la version comtienne de la religion de l’humanité permet d’aborder quelques difficultés soulevées par ce projet.

Mill did not conceive of secularization as a mere weakening of traditional religions, for he was also concerned by what would serve as a foundation of social stability once they would have been replaced. In that perspective, the Religion of Humanity was supposed to redirect human aspirations towards human progress. Linked to the neutralization of the moral import of theistic and supernatural religions at the metaphysical level, and supported by the commitment for a national system of education, the religious dimension of utilitarianism also drew Mill away from Bentham. The comparison with Comte’s version of the Religion of Humanity allows for the consideration of a few issues raised by such a project.