23 septembre 2023
HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral
Agnès Tiret et al., « Et si l’évaluation du bien-être cachait l’écosystème ? », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral, ID : 10670/1.17eff6...
La définition du bien-être animal pro-posée par l’ANSES (2018) est centrée sur l’individu. Or, le bien-être repose aussi sur les relations entre individus et avec leurs environnements (ANSES, 2018). Ceci est particulièrement difficile à penser. En première approche, on pourrait passer par le concept Nature souvent utilisé pour positionner l’individu. Avec la Nature viennent l’Humain, l’Animal et le Végétal, éléments séparés enfermés sur leur identité de règne. Le concept de Nature en-traîne une pensée par dyade (Nature/Culture, Naturel/Artificiel, etc.) qui impose la fixation de définitions (identités) et réduit l’analyse à une opposition. Prenons maintenant le concept d’Humain. En tant qu’identité, sa définition ne permet pas d’aboutir à un concept équilibré sans mobiliser le concept d’Animal, qui lui est à la foi interne et externe. Dans la philosophie classique, l’Humain est 1, l’Animal plus un attribut (Aristote, 2015) ou 2. sans un attribut (Un Bipède sans plumes ; Platon, 2018). Ces deux définitions ont des conséquences très différentes, en particulier dans la façon d’éviter ou de ne pas éviter le racisme et le spécisme, la définition de l’Humain par un sans étant beaucoup plus neutre que celle par un plus. Ces deux définitions supposent le collectif et ses relations, l’individu isolément ne suffit pas. De cet a priori de séparation consensuelle entre l’Animal et l’Humain découlent les notions de bien-être qui lui sont compatibles. Pour les dépasser, sortir de cette fixité, nous savons nécessaire de faire usage d’autres outils de pensée. Nous les avons trouvés dans la philosophie d’Anne-Françoise Schmid et les outils de l’épistémologie générique (Schmid & Mambrini-Doudet, 2019). Ces outils nous permettent de savoir les oppositions et de considérer les relations qui peuvent dépendre de l’individu (relations internes ; Leibniz, 1686) - l’individu devient un concept qui contient tous ses prédicats - ou être indépendantes des individus (relations externes ; Russell, 1959), les faits sont indépendants de l’expérience de ceux-ci. L’outil que nous proposons ici se situe à l’échelle de l’individu, sans s’y enfermer. Il s’agit de faire usage du concept d’intention pour révéler et prendre en compte les relations, une porosité de l’individu avec soi-même, les autres et son environnement. Il permet de révéler les petites perceptions, comme le bruit des vagues (Leibniz, 1686), les différences de pression de l’air (Bouillon, 2021) et les dimensions qu’elles portent en elles. Le déplacement de l’individu à ses micro-perceptions enrichit tellement la notion de bien-être que le sens s’en défait pour laisser apparaître un individu complexe et fluide dans son écosystème