2013
Cairn
Yves Simon, « La finance non réglementée et le négoce international des matières premières », Revue d'économie financière, ID : 10670/1.1a7met
Pour de nombreux responsables politiques, commentateurs et régulateurs, il est politiquement correct de vouloir renforcer les réglementations bancaires et financières, et de découvrir à tous les coins de rue des activités non réglementées susceptibles d’avoir des implications systémiques. Les sociétés de négoce de matières premières (pétrole, métaux, énergie, produits agricoles) sont parfois montrées du doigt. Le poids économique des négociants internationaux de matières premières ne cesse de croître depuis trente ans. En 2012, Vitol avait un chiffre d’affaires de 297 Md$ et négociait une moyenne quotidienne de 5,5 millions de barils de pétrole brut. En 2011, le chiffre d’affaires de Glencore atteignait 186 Md$ et ses profits dépassaient 5 Md$. En 2012, ce négociant a acheté Xstrata, la troisième plus importante société minière du monde. Depuis 2007, cette croissance s’est en partie faite au détriment des activités de négoce des grandes banques d’investissement.De tout temps, les banques commerciales internationales (européennes pour la plupart) furent les principales sources de financement des activités de négoce, mais depuis 2008-2009, les négociants cherchent de nouvelles ressources qu’ils trouvent sur les marchés de capitaux (introduction en Bourse et émissions obligataires) et auprès des fonds souverains. La loi Dodd-Frank et les réglementations de Bâle 3 expliquent ce relatif affaiblissement des banques d’investissement et des banques commerciales dont profitent les grands négociants et les marchés de capitaux. Le poids des sociétés de négoce est devenu si important que certains régulateurs ont invoqué à leur sujet la possibilité d’un risque systémique. Cette crainte semble bien excessive. En effet, les relations financières des sociétés de négoce avec leurs contreparties n’ont pas la complexité et l’imbrication qui caractérisent celles entretenues par CME Group, Intercontinental Exchange et les 28 banques internationales épinglées par le Forum de stabilité financière.Classification JEL : F23, F65, G18, Q13.