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Christelle Lozère, « Vendre du rêve. Le théâtre dans les expositions universelles et coloniales du XIXe siècle », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.1a8b0e...
Dès le XIXe siècle, les expositions universelles et coloniales se présentent comme de véritables pièces de théâtre aux décors fabuleux, des espaces où se diffusent tous les modes de langage sensoriels, textuels et imaginaires. Objets animés et inanimés sont associés pour devenir des sujets de fiction et de subjectivité. D’un pavillon à l’autre, théâtre dans le théâtre, le visiteur peut tout voir et tout interpréter. Tels des miroirs inversés, deux mondes semblent s’opposer. D’un côté, l’Occident est célébré à travers ses techniques industrielles, sa capacité à innover, à rationaliser, à progresser. De l’autre, la présence des sociétés dites « primitives », à travers la figure de l’« indigène », témoigne de leur immobilisme, leur négation du progrès et leur incapacité à assimiler le concept de modernité, fer de lance des sociétés occidentales. Ce jeu des contraires a pour effet de créer des chocs visuels : la modernité s’opposant à l’archaïsme ; la civilisation à la sauvagerie ; la beauté à la laideur ; la lumière à l’obscurité. D’une scène à l’autre, le visiteur est abreuvé d’images antinomiques et fantasmagoriques aussi merveilleuses et fascinantes que dangereuses et repoussantes. Vastes entreprises commerciales, les expositions universelles et coloniales vendent ainsi du rêve, de l’illusion, et incitent le visiteur à consommer des biens en les rendant les plus attractifs et les plus festifs possible. Il s’agira d’analyser leurs mises en scène en s’intéressant à leurs rapports aux textes (ceux que les organisateurs et les scénographes ont écrits), aux jeux des différents acteurs (exposants et exposés), au rôle et à la place des accessoires (produits et objets), des décors ainsi que les différentes stratégies de promotion et de vulgarisation des discours.