13 septembre 2021
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Bruno Quélennec, « « Les Allemands ne pardonneront jamais Auschwitz aux Juifs » (Zvi Rex). Genèse, portée et limites du concept d’« antisémitisme secondaire » », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.3917/cite.087.0033
D’usage courant dans la recherche germanophone sur la judéophobie contemporaine, la notion d’ « antisémitisme secondaire », apparue au début des années 1960, vise à saisir un phénomène spécifique à l’après-guerre, à savoir le développement d’un antisémitisme « non pas malgré, mais à cause d’Auschwitz » (H. Broder). L’antisémitisme secondaire a pour particularité de se construire à partir d’un « complexe de culpabilité », particulièrement marqué en Allemagne. Il se manifeste de plusieurs manières : par une incapacité à reconnaître toute forme de responsabilité collective pour la Shoah, par un rejet de sa commémoration, et par une tendance à renverser les rôles de bourreaux et de victimes. Cet article s’intéresse non seulement à la genèse, à la portée et aux limites du concept d’ »antisémitisme secondaire », mais tente aussi de présenter de manière raisonnée les diverses interprétations et appropriations, parfois contradictoires, dont cette notion fait l’objet dans les sciences sociales germanophones aujourd’hui. La première partie de l’article revient sur la genèse du concept. D’abord élaboré dans le contexte de l’École de Francfort (Peter Schönbach, Theodor W. Adorno), celui-ci est par la suite significativement remanié par des sociologues n’appartenant pas à cette tradition (Werner Bergmann et Rainer Erb notamment). À partir de ces deux approches, je tente de donner une définition opératoire de l’antisémitisme secondaire, pour m’intéresser ensuite dans la deuxième partie à la portée du concept (sur le plan temporel et spatial) ainsi qu’à ses limites.