Production céréalière, archéodémographie et climat en Gaule à l’âge du Fer : les nouvelles perspectives de la modélisation multi-agents

Résumé En Fr

This article presents the FER-AGRI agent-based model that we developed to study the impact of climate change on cereal production and population demography in southern Gaul between the 7th century and the 1st century BC. This ABM simulates at an annual time step over these six centuries the population growth of populations in the context of virtual farms that carry out each year harvests whose volume fluctuates according to cereal yields. These yields calculated through emulation of the Lund-Potsdam-Jena-managed-Land (LPJmL) agro-ecosystem modelvary with climate fluctuations reconstructed from palynological data. The values of the climatic, agricultural and demographic parameters taken into account in this model are modifiable in intervals defined according to archaeological, historical and palethnographic data, in order to test different scenarios on society-climate interactions. In general, the first results of this model support the hypothesis of a negative effect of periodsof climate cooling on cereal production and demography, which appear to be favoured by the increase in temperatures and precipitation. The results of the simulations highlight a marked increase in cereal production from the third century BC, which lends credence to the idea of an important role of global warming at the end of the Iron Age (or “Roman Climatic Optimum”) in the economic-demographic development of the Middle Tene in Gaul. However, the sensitivity of the demography of human populations to climate change appears to be more or less exacerbatedaccording to the different assumptions taken into account about the nature and performance of Iron Age agricultural systems. FER-AGRI presents many possibilities of evolution that will make it possible to develop in the coming years this first model to take into account even more complexity in the restitution of the trajectory of protohistoric societies, in interaction with their environment.

Cet article présente le modèle multi-agents FER-AGRI (accessible et téléchargeable : https://github.com/Bernigaud2021/FER-AGRI) que nous avons développé pour étudier l’impact des changements climatiques sur la production céréalière et la démographie des populations en Gaule méridionale entre le VI e siècle et le I er siècle av. n. è. Ce Système Multi-Agents (SMA) simule à un pas de temps annuel sur ces six siècles la croissance démographique de populations dans le cadre d’exploitations agricoles virtuelles qui réalisent chaque année des récoltes dont levolume fluctue en fonction des rendements céréaliers. Ces rendements calculés grâce à une émulation du modèle agroécosystémique Lund-Potsdam-Jena-managed-Land (LPJmL) varient avec les fluctuations du climat reconstruites à partir de données palynologiques. Les valeurs des paramètres climatiques, agricoles et démographiques pris en compte dans ce modèle sont modifiables dans des intervalles définis d’après des données archéologiques, historiques et palethnographiques, afin de tester différents scénarios sur les interactions sociétés-climats. D’unemanière générale, les premiers résultats de ce modèle confortent l’hypothèse d’un effet négatif des périodes de refroidissement climatique sur la production céréalière et la démographie, qui apparaissent à contrario favorisées par l’augmentation des températures et des précipitations. Les résultats des simulations mettent notamment en évidence une augmentation marquée de la production céréalière à partir du IIIe siècle av. n. è., ce qui accrédite l’idée d’un rôle important du réchauffement climatique de la fin de l’âge du Fer (ou « Optimum Climatique Romain ») dansl’essor économico-démographique de la Tène moyenne en Gaule. La sensibilité de la démographie des populations humaines aux changements climatiques apparaît toutefois plus ou moins exacerbée selon les différentes hypothèses prises en compte sur la nature et les performances des systèmes agricoles de l’âge du Fer. FER-AGRI présente de nombreuses possibilités d’évolution qui permettront de développer dans les années à venir ce premier modèle pour prendre en compte plus de complexité encore dans la restitution de la trajectoire des sociétés protohistoriques,en interaction avec leur environnement.