17 février 2022
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Jodelle Zetlaoui-Leger et al., « Collectifs d'architectes : coproduire des lieux dans les "zones grises" de l'aménagement. L'institution scolaire comme supports de médiations », HAL-SHS : architecture, ID : 10.3390/architecture2010005
L’existence d’une commande préalable a toujours joué un rôle fondamental dans les choix de carrière et les parcours des architectes en France (Biau, 2021). Déplorant le peu d’intérêt des architectes français pour la participation encore au milieu des années 2000, l’un des instigateurs du mouvement en faveur de l’Habitat groupé autogéré au lendemain de mai 68, nous a un jour confié :« les architectes attendent qu’il y ait une commande et tant qu’il n’y a pas cette commande, ils ne bougent pas, ce n’est pas leur propos. » Cette réflexion explique en grande partie le fait que les étudiants ne soient pas formés dans les écoles d’architecture à accompagner des habitants, des usagers, ou mêmes des clients professionnels pour les aider à définir leurs attentes. Ils sont essentiellement placés en situation de répondre à des « programmes-cahiers des charges » . Cette remarque exprime par ailleurs l’importance qu’ont en France les dispositifs réglementaires organisant l’ingénierie de la construction. Ainsi, l’émergence de nouvelles attitudes en matière de participation citoyenne chez les architectes comme chez les maîtres d’ouvrage publics, reste grandement influencée par l’évolution de cet environnement politico-juridique depuis 30 ans. Mais inversement, depuis une dizaine d’années, on note que les interventions de groupements portés par des architectes, associant étroitement conception et construction, et basées sur des logiques « d’activation citoyenne » (Le Maire 2009 ; Mallon, 2013), influencent la réglementation. Des maîtres d’ouvrage s’en saisissent pour mieux gérer les différentes étapes de leur projet ou valoriser une posture d’innovation, sans parvenir toutefois à reconsidérer plus structurellement leurs pratiques. Ces expériences sont-elles vouées à être « instrumentalisées » dans le cadre de stratégies de communication (Vigne, 2019) ou à se heurter à l’inertie des cultures politiques et professionnelles dominantes (Arab, Vivant 2018 ; Gardesse, Zetlaoui-Léger, 2016) ? Le propos de cet article sera de montrer que la coproduction d’espaces ayant une forte signification pour leurs usagers mais qui constituent des impensés au sein de projets urbains stratégiques, peut donner une plus grande portée à ces expérimentations. Il s’intéressera aussi aux démarches qu’entreprennent certains collectifs pour transformer les acquis de ces expériences en un savoir davantage formalisé.