Barbarie et christianisme : un enjeu apologétique au siècle des Lumières

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Le Traité historique et dogmatique de la vraie religion (1780) et le Dictionnaire de théologie (1784-1785), paru dans l’Encyclopédie méthodique de l’abbé Bergier permettent de mesurer les enjeux idéologiques de la notion de barbarie dans le débat des Lumières, dont la flexibilité se prête à toutes les manipulations. Si au départ Bergier partage la même définition de la barbarie, héritée de l’Antiquité, que ses adversaires philosophes, il est clair que dans l’esprit de l’apologiste ce sont les incrédules qui se confondent avec les Barbares et que pour les Philosophes ce sont plutôt les Européens, à cause des mauvais traitements infligés aux peuples dits sauvages. Et surtout les deux camps s’opposent par leur conception de l’avenir. Les Philosophes ne doutent pas, malgré les aléas de l’Histoire, du triomphe final de la raison sur la barbarie tandis que les chrétiens nourrissent l’espérance que les progrès du christianisme permettront d’aboutir un jour au triomphe du bien contre le mal représenté par la barbarie, incarné au Moyen Âge dans les Barbares du Nord et renouvelé aux temps modernes par les Philosophes des Lumières.

The ideological import of the notion of barbarity, which, with its flexible meaning, could lend itself to many uses in eighteenth-century debates can be gauged thanks to the Traité historique et dogmatique de la vraie religion (1780) and Dictionnaire de théologie (1784-1785), published in abbé Bergier’s Encyclopédie méthodique. If Bergier at first agreed with the same definition of barbarity inherited from Antiquity as his philosophical antagonists, it is clear that in the apologist’s mind, the Barbarians were non-believers whereas, for philosophers, because of the bad treatment inflicted to those people named “savages” they were the Europeans themselves. And above all the two camps were opposed in their conception of the future : in spite of this history, the philosophers do not doubt the final triumph of reason over barbarities, while Christians nourish the hope that the progress of Christianity will one day enable the triumph of good over evil represented by barbarity, whether it be Northern barbarians in the Middle Ages or latterday Enlightenment philosophers in the modern age.

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