L’européanisation d’une industrie de souveraineté : la trajectoire des constructeurs français de satellites depuis les années 1960

Résumé Fr En

Les usages civils et militaires des premiers satellites, que ce soit pour des télécommunications ou de l’observation, ont fait de leur fabrication une industrie de souveraineté. La politique spatiale française s’est ainsi appuyée sur des institutions bien identifiées (CNES) mais également sur des manufacturiers nationaux. Dans les années 1970 et 1980, cette industrie a été portée par l’essor des télécommunications, avec en particulier le rôle majeur du groupe Alcatel. Mais les basculements des marchés des télécommunications du début des années 2000 ont provoqué, outre un mouvement de concentration, un adossement de la fabrication des satellites à des groupes de défense. L’européanisation des marchés n’a pas remis en cause le caractère fondamentalement dual de cette industrie, et donc la permanence de l’échelle nationale comme espace pertinent d’affirmation de la souveraineté.

From the start, satellites were used for telecommunications and observation in both the civil and military domain and the manufacturing was considered to be a sovereign industry. French space policy was, therefore, based on both strong public institutions such as the CNES and on national manufacturers. In the 1970s and 1980s, this industry was boosted by the boom in telecommunications with the Alcatel group playing a major role. However, changes in the telecommunications markets at the beginning of the 2000s combined with a trend towards concentration meant that satellite manufacturing increasingly became part of defence groups. The Europeanisation of markets has not jeopardised the fundamentally dual nature of this industry, however, and it remains relevant to consider how to assert sovereignty at national level.