2019
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Daniel Patrick Morgan et al., « Numbers with Histories: Li Chunfeng on Harmonics and Astronomy », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.1c2zuo
Consacré au « Lü-li zhi » 律曆志 (traité sur l’harmono-métrologie et sur l’astronomie mathématique) que Li Chunfeng 李淳風 (602–670) écrivit pour le Sui shu 隋書 ainsi qu’à son prédécesseur du Han shu 漢書, ce chapitre met en question l’universalité du mariage entre ces deux champs du savoir en Chine, et soutient au contraire que ce mariage est à la fois l’œuvre de compilateurs bien précis et de celui du cours impétueux de l’histoire. Ce traité double apparaît pour la première fois dans le Han shu, – conséquence naturelle du fait qu’il est fondé sur les écrits synthétiques de Liu Xin 劉歆 (ca. 50 av. n. è. – 23 ap. n. è.) – et pour la dernière dans les traités de Li Chunfeng, après quoi le modèle est abandonné. Quel que fût la force initiale de ce mariage, croyons-nous, un certain mouvement général vers la précision et l’expérimentation empirique commença dès les Han orientaux à séparer les deux domaines l’un de l’autre et à les éloigner des promesses d’un bel ordre universel. Nous tentons de montrer comment Li Chunfeng, en élaborant sa présentation à partir de celle de Liu Xin et en se fondant considérablement sur son œuvre et sur celles d’autres auteurs, l’adapta pour tenir compte de l’effondrement de l’ordre qu’elle épouse. Pour ce faire, nous montrons qu’il imposa un telos à l’histoire de l’harmono-métrologie et échangea le fondement de ces deux champs en passant d’un symbolisme numérique provenant du Classique des mutations à une idée de proportion et de proportionnalité tirée des Neuf chapitres sur les procédures mathématiques, ce qui eut pour effet de libérer les nombres d’une modalité de vérité atemporelle et pétrifiée et de leur attribuer leur propre histoire face au fait historique du progrès.