25 juin 2019
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Xavier do Monte, « « Bon bagay » et « bandidos » : genre, race, nationalité et les Casques bleus brésiliens en Haïti », Octaviana, ID : 10670/1.1d1c47...
Le maintien de la paix est une activité nouvelle qui a pris son essor depuis les années 1990. Pour l’armée brésilienne, elle est également une activité d’exception. Dans sa plus grande contribution à une opération du Conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil a envoyé 22 mille militaires pour participer à la Mission de Nations unies pour la Stabilisation en Haïti entre 2004 et 2017. Cet apport s’est fait dans le contexte d’un « engagement critique multilatéral » de la part du Parti des Travailleurs au pouvoir à l’époque. Que font ces militaires sur le terrain ? Quel est leur interprétation de ce nouveau cadre multilatéral et humanitaire, en théorie si éloigné des fonctions militaires « classiques » ? En partant d’une enquête qualitative et des observations menées à Port-au-Prince et à Brasília, ainsi que d’une grille de lecture du genre, cette thèse essaie de comprendre l’international « par le bas », à partir des discours et des pratiques des acteurs sur le terrain. La masculinité, la nationalité et les rapports de race dans ses imbrications et dans des logiques propres au contexte brésilien sont clés dans la compréhension du maintien de la paix et de l’ordre international. Le maintien de la paix illumine pas seulement les transformations de l’activité militaire dans le XXIe siècle, mais également les transformations dans la masculinité. Dans le cas brésilien, les opérations de paix ne sont pas un emploi de « basse intensité », comme pour ses homologues du Nord. C’est une activité chargée de « valeur guerrière », une occasion d’incorporation de la « fierté nationale » et de mise à jour des discours banals sur la nationalité et les qualités de l’« homme brésilien ».