17 septembre 2009
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Bruno Baronnet, « Autonomie et éducation indienne : les écoles zapatistes dans les vallées de la forêt Lacandone au Chiapas (Mexique) », Theses.fr, ID : 10670/1.1d710c...
A partir des pratiques éducatives des paysans zapatistes du Chiapas, l’autonomie se conceptualise comme la construction collective d’un projet des peuples indiens dans un champ de domination et de résistance sociale. Au cœur de la dispute avec l’Etat nation, le contrôle des communautés sur les éducateurs qu’elles désignent et évaluent est mis en perspective avec d’autres contextes, discours et actions d’organisations politiques autochtones en Amérique latine. Avant 1994, des programmes indiens d’éducation, d’abord clandestins, comme dans le Quiché guatémaltèque et le Cauca colombien, constituent des antécédents à l’expérience zapatiste d’autonomie radicale. En tant que politiques endogènes, sui generis, et historiquement situés dans des territoires ou des refuges multiculturels, ils remettent en question la capacité et la légitimité de l’Etat nation dans la gestion administrative et pédagogique des écoles. Avec l’autorité de l’assemblée des familles et de nouvelles charges communautaires [notamment les « promoteurs d’éducation »], les relations de pouvoir et les positions d’intermédiation sociale se reconfigurent entre les acteurs de l’Etat et des territoires rebelles. La participation active des militants Tzeltal contribue à l’appropriation sociale de l’école, en étant un frein à la différenciation sociale et à l’assimilation culturelle. Elle est un moteur de la dignité et de la légitimité de gérer l’espace et le temps scolaire, mais aussi les méthodes et les contenus. Les changements liés à l’autonomie bousculent ainsi les continuités de l’organisation de l’école, du rôle politique et du travail des enseignants, et des choix pédagogiques pertinents du point de vue des Indiens zapatistes.