2022
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Thibaud Poigt, « De Poids et de Mesure: Les instruments de pesée en Europe occidentale aux âges des Métaux (XIVe-IIIe s. av. n.è.) : conception, usages et utilisateurs », HAL-SHS : archéologie, ID : 10.46608/dana8.9782356134165
L’usage des instruments de pesée et la maîtrise des concepts de numération et de métrologie dans les sociétés protohistoriques de l’Europe occidentale est un domaine qui a fait l’objet de peu d’études systématiques en archéologie. Cette thèse doctorale a pour objectif d’offrir une étude diachronique des poids et des éléments de balance découverts en Europe occidentale entre leur apparition claire dans le registre archéologique aux environs des XIVe-XIIIe s. av. n.è. et le développement de l’appareil monétaire au sein des populations locales au cours du IIIe s. av. n.è.Ce travail s’appuie sur un catalogue non exhaustif d’un peu plus de 1000 de ces instruments et le développement de nouveaux protocoles de recherche. Ces derniers s’appuient notamment sur l’usage des outils numériques 3D (numérisation par photogrammétrie et modélisation) afin d’intégrer l’évolution de l’intégrité des instruments (modifications volontaires, cassures, etc.) mais également pour offrir de nouvelles possibilités de réflexion sur la sensibilité des fléaux de balance anciens (tests théoriques de sensibilité fondés sur des reconstitutions 3D d’après dessins). Les questionnements autour des choix métrologiques effectués par les populations de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer (unités pondérales et systèmes de comptage) reposent, quant à eux, sur des analyses à la fois mathématico-intuitives et statistiques (relations arithmétiques d’ensembles de masses, fréquence d’apparition de masses précises au sein d’échantillons et analyse quantale dite de Kendall).L’objectif de cette thèse est avant tout de requestionner la place de la pratique de la pesée dans les sociétés protohistoriques sur une large échelle et dans la diachronie au moyen d’un protocole constant tout en intégrant au premier plan les données contextuelles apportées par l’archéologie. Les résultats de ce travail brossent le portrait de pratiques souvent associées à des sphères privilégiées dans la population et qui font le plus souvent état de peu de standardisation métrologique (unités pondérales retenus, systèmes de comptage employés, fréquence des multiples et fractions des systèmes). Pourtant, certains cas dévoilent de véritables persistances dans le temps des formes d’instruments utilisées mais aussi parfois des unités métrologiques elles-mêmes. Les vestiges archéologiques de la pratique de la pesée tendent ainsi à penser que celle-ci est restée peu fréquente dans l’Europe occidentale protohistorique et que son évolution entre le Bronze final et le IIIe s. av. n.è. est marquée par un rapport complexe et non linéaire d’innovations, de persistances, de transformations d’origine locale ou liées à des influences extérieures mais aussi probablement de reculs et d’abandons.