2 mars 2013
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Eva Pich-Ponce, « La transmission de la mémoire dans les romans de Marie-Claire Blais », Conserveries mémorielles, ID : 10670/1.1dpf0s
Marie-Claire Blais est l’une des figures les plus importantes de la littérature québécoise. Dans Le Sourd dans la ville (1979), Visions d’Anna (1982) et Soifs (1995), des dizaines de voix se juxtaposent pour évoquer les images d’horreur du XXe siècle et du siècle naissant. La mémoire et sa transmission deviennent les thèmes essentiels de ces textes qui confondent les espaces et les temporalités dans une volonté de dévoiler les « abus de la mémoire » (Todorov, 1995). La sélection des faits qui sont transmis ou oubliés, l’usage institutionnel et social de la mémoire, l’importance que celle-ci acquiert au sein de l’identité sont mis en évidence dans ces textes. Le lieu devient l’emblème d’un passé qui se révèle aux personnages. Ricoeur a souligné l’importance du lien entre la « mémoire corporelle » et la « mémoire des lieux », entre l’ « ici /maintenant » et le « là-bas » géographique et historique. Dans ces romans, nous observerons en effet la relation étroite qui s’établit entre l’ ‘ici » constitué par l’espace où habite la plupart des personnages et le monde international et historique qui hante leurs pensées. Nous verrons comment se tisse une mémoire marquée par les souvenirs des personnages et les récits d’autres époques. Au passé violent s’ajoute la brutalité du monde contemporain aux personnages qui laisse entrevoir un futur apocalyptique. Seules l’art et l’action solidaire apporteront une certaine lueur d’espoir.