From nomadic to semi-sedentary

Fiche du document

Date

20 janvier 2022

Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

OpenEdition Books

Organisation

OpenEdition

Licences

https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess




Citer ce document

Manuel Gutierrez et al., « From nomadic to semi-sedentary », Publications scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, ID : 10670/1.1ecqkg


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

The earliest descriptions of the peoples of Southern Africa are from European navigators who circumnavigated the continent from the south at the end of the 15th century. These descriptions generally concern two groups: one rather sedentary and cattle-breeding (cattle and sheep), later called Hottentots (de Hüttentüt: "brutal, stupid man" in Dutch); the other rather nomadic and living on hunting and gathering, later called Bushmen (de Bosjesman: "men of the bush"). As far as Angola and more particularly the Bushmen are concerned, they are mentioned several times in ancient texts, but it is especially with the expeditions at the end of the 19th century that we will know a little more about their existence. These expeditions are organised by the Geographical Society of Lisbon, which claims to give these trips a scientific purpose. We thus discover the existence of the Mucuancalas and Cassequeles peoples, who live in the south and south-east of the country, who roughly correspond to the current Khoisan. The descriptions are very often pejorative and the authors focus on their physical appearance (hair shape, skin colour among others) and their way of life: nomads living by hunting and gathering in the woods. These nomads have changed over time and are now more cyclical nomads, nomadic according to natural resources, or even sedentary groups, living in medium sized camps and practicing agriculture and livestock farming.

De nomades à semi-sédentaires : évolution des modes de vie des Khoï-San d’Angola, du XVe au début du XXe siècleLa connaissance des peuples vivant au sud de l’Afrique résulte, dans un premier temps, des observations réalisées par des navigateurs européens qui, dès le XVe siècle, vont parcourir la côte atlantique du continent africain jusqu’à réussir l’exploit de contourner le continent par le sud.Les descriptions de ces navigateurs concernent des aspects très variés comme le climat, la végétation, la faune, des ressources telle la présence ou l’absence d’eau, mais aussi les populations, que parfois ils voient de loin et plus rarement qu’ils rencontrent. Toutefois, très souvent, on trouve l’idée que les territoires qu’ils découvrent sont soit inhabités soit très peu peuplés. Idée qui sera reprise quelques siècles plus tard pour justifier l’occupation de vastes territoires d’Afrique par les européens. Les auteurs de ces descriptions sont originaires du continent européen, marqués par l’idéologie, la religion, les systèmes politiques de l’époque, qui vont conditionner leur vision de l’Afrique.Selon les historiens portugais, les connaissances des peuples du sud de l’Angola par exemple, seraient l’oeuvre des navigateurs portugais qui, les premiers auraient rencontré des Bushmen et des Hottentots. Bien que les assertions de ces historiens ne soient pas toujours d’une objectivité à toute épreuve, il est fort possible que les témoins voire les auteurs portugais, du XVe siècle aient vu et éventuellement rencontré des populations très variées sans pour autant avoir la certitude qu’il s’agisse dans tous les cas de Bushmen et/ou de Hottentots.En ce qui concerne les populations en général et plus particulièrement celles qui nous occupent ici, la vision des européens est fortement marquée par le mépris. On trouve souvent des considérations sur le physique des africains, parfois sur leur manière de s’habiller, sur leur alimentation, mais toujours dans un registre péjoratif. Cette vision du monde résulte en grande partie de leur origine, l’Europe, et de l’idée que le modèle unique de perfection au monde est le leur. Par rapport aux populations du sud du continent, on trouve des descriptions concernant globalement deux groupes : l’un plutôt sédentaire et éleveur de bétail (bovin, ovin) donc très probablement des Hottentots ; l’autre plutôt nomade et vivant de chasse et de cueillette qui sera appelé plus tard Bushmen (deBosjesman : « hommes de la brousse »). Il faut ajouter que ces dénominations obéissent plutôt à l’impression qu’ont les européens des groupes de populations qu’ils rencontrent plutôt qu’à une réalité correspondant à la manière dont ces populations se nomment elles-mêmes.En ce qui concerne l’Angola et plus particulièrement les Bushmen, ils sont mentionnés à plusieurs reprises dans les textes anciens. On découvre ainsi l’existence des peuples Mucuancalas et Cassequeles, répartis au sud-est du pays, qui correspondent grosso modo aux Khoïsan actuels. Les descriptions sont très souvent péjoratives et les auteurs s’attardent sur leur physique (forme des cheveux, couleur de la peau entre autres) et leurs manières de vivre : nomades vivant de chasse et de cueillette dans des bois.Du point de vue des connaissances actuelles des peuples nomades du sud de l’Angola, l’apport de l’ethnologie est important même si des aspects fondamentaux comme la langue, les croyances et l’histoire des Khoïsan n’ont pas été étudiés. Il faut ajouter que jusqu’à présent on ne dispose pas d’étude linguistique concernant ce peuple.Il faut attendre le XXe siècle pour voir apparaître des informations un peu plus objectives, en particulier des recherches ethnologiques concernant les populations Khoïsan d’Angola. Dans ces descriptions il y a, d’une part, des sources directes en particulier des auteurs portugais et, d’autre part, des sources indirectes qui vont donner lieu à des descriptions d’Afrique en utilisant les données des voyageurs, ecclésiastiques, commerçants.Dans ce deuxième type de source, une attention particulière est accordée aux conflits entre populations locales et arrivants européens, dont la possession de la terre et de ses ressources est à l’origine des confrontations. LeXIXe siècle sera marqué par des tentatives d’occuper la partie sud occidentale du continent mais aussi par les voyages terrestres en vue de traverser cette partie de l’Afrique de l’océan Atlantique à l’océan Indien. L’une des finalités de ces deux démarches est d’établir un constat sur l’occupation effective des territoires et ainsi justifier les visés colonialistes lors du « partage » de l’Afrique par l’Europe. Ces expéditions ont aussi comme corollaire l’établissement de cartes des régions explorées, la connaissance des voies terrestres de circulation et de ses contraintes. Un autre résultat de ces expéditions est la publication de récits de voyage qui informent sur les populations, leur organisation sociale, leurs productions mais aussi sur l’existence de limites et donc de règles pour traverser les territoires. En ce qui concerne les populations Khoïsan les appréciations sont marquées par le mépris.Cette littérature nouvelle s’intéresse à l’identité des populations du sud du pays, en partant du nom qu’elles-mêmes se donnent, à leur mode de vie, à l’habillement et aux croyances, parmi d’autres. Il y a donc un changement important dans la perception de ces populations qui avaient, jusqu’à présent, été considérées comme inférieures. Toutefois, la description de leur mode de vie et en particulier les aspects concernant la subsistance sont celles de la chasse et de la cueillette.La vie de chasse et de cueillette a des limites, elles sont d’ordre climatique mais aussi politique. La raréfaction des ressources due à la péjoration climatique mais aussi à l’utilisation intensive des ressources naturelles implique que ces peuples n’arrivent plus à vivre exclusivement de la prédation du milieu. Ils vont donc devoir s’adapter aux nouvelles conditions soit à travers l’utilisation d’une agriculture rudimentaire soit à travers la recherche d’un emploi temporaire, à savoir travailler chez des populations voisines qui pratiquent depuis longtemps l’agriculture.Du point de vue politique, les conditions de vie dans l’Afrique australe ont conduit les Khoïsan à s’adapter à des situations très diverses. La première est sans doute l’arrivée des populations Bantoues qui vont occuper une partie des territoires autrefois ouverts et donc disponibles aux populations nomades. Plus tard, l’arrivée des européens sur place va introduire d’autres contraintes et aussi l’occupation des territoires considérés inoccupés, de la côte vers l’intérieur, autrement dit le colonialisme européen en Afrique. Plus récemment, les changements politiques en Afrique ont conduit à des luttes de libération nationale, à des guerres entre pays de la région et à des guerres civiles. Un ensemble de faits qui rendait la vie de nomade très difficile et dangereuse.Ces aspects vont jouer un rôle important dans les changements de vie des Khoïsan (milieu, instabilité politique régionale), qui vont conduire ces peuples à s’adapter aux nouvelles conditions.Ainsi, devant la dégradation des ressources, à cause de la prédation actuelle de la faune, la chasse avec des arcs et des flèches ne peut pas se mesurer à la chasse avec des fusils. Le résultat est que la faune se raréfie et l’apport en viande que la chasse procurait au Khoïsan tend à disparaître.La nécessité de s’adapter pour se procurer l’alimentation, en adoptant élevage et agriculture, vont conduire les Khoïsan à se sédentariser progressivement sans pour autant abandonner complètement la cueillette et la chasse, pratiquées actuellement d’une manière sporadique. D’autres techniques ont été également adoptées à partir des échanges entretenus, en particulier avec des populations Bantoues. Il s’agit, entre autres, d’un début d’activité métallurgique qui permet d’avoir accès à une matière première beaucoup plus résistante que des instruments en bois et qui participe aussi à la pratique de l’agriculture, entre autres.Une prise de conscience récente sur les conditions de vie des Khoïsan du sud de l’Angola a conduit à l’organisation d’une première conférence San d’Angola avec la participation des San d’autres pays du sud de l’Afrique, ainsi que des autorités régionales, internationales et des ONG. L’un des premiers constats fut que les conditions de vie des Khoïsan étaient très mauvaises et les besoins considérables. Pour pallier à ces difficultés un groupe important de familles a été aidé à s’installer dans la province de Huila sur une surface de 100 hectares. La sédentarisation de ce groupe de familles implique, du point de vue économique, qu’elles cultivent la terre et pratiquent l’élevage. Du point de vue social, les enfants ont accès aux savoirs des sociétés sédentaires, lire et écrire, à titre d’exemple les enfants de Hupa ont une école et des enseignants, les plus jeunes bénéficient d’un jardin de récréation et d’une assistance des ONG et des autorités régionales. Des besoins essentiels, comme l’accès à l’eau potable par exemple, sont assurés sur place.Il y a donc un changement important dans la vie de ces populations avec l’accès à des biens essentiels pour la vie, mais aussi un changement considérable dans la perception dont ils font l’objet de la part des autorités régionales, des historiens, des journalistes, des ONG. Ils sont enfin considérés comme des êtres humains à part entière.L’avenir des Khoïsan de la région de Huila semble un peu plus serein de point de vue matériel. Toutefois, des questions restent ouvertes sur la culture, sur leur passé. L’exemple de l’installation de ce groupe de Khoïsan dans la région de Lubango, montre qu’un changement profond est en cours, avec les avantages que cela comporte, mais aussi avec le risque de voir la culture ancienne de ce peuple se dissoudre dans la culture d’autres peuples de la région..Les expériences concernant d’autres sociétés ayant connu la colonisation montrent que lorsqu’une société, un peuple, une culture est confrontée à d’autres cultures, voire à des invasions, la tendance générale est d’assimiler les vaincus. L’assimilation implique, très souvent, l’imposition d’une langue, d’une religion, de manières d’être, de manières de s’alimenter, celles des vainqueurs. Dans d’autres cas, un phénomène de syncrétisme s’installe et l’on voit apparaître des manières d’être intégrant des paramètres de vie des deux cultures. Dans le cas des Khoïsan d’Angola, on note l’utilisation très discrète de leur langue, sans doute utilisée lors d’échanges entre Khoïsan, et l’emploi d’autres langues pour communiquer avec des personnes externes à leur groupe. Lors de notre séjour à Hupa par exemple, nos interlocuteurs s’exprimaient en Nyaneca et en Portugais et pour les entendre parler dans leur langue il a fallu insister. Nous avons observé une certaine réticence, voire un peu de honte, à utiliser leur langue.Il est pour l’instant difficile de savoir comment des aspects importants de leur culture, comme les croyances, leur langue, vont être préservés ou, au contraire s’il faut s’attendre à les voir disparaître. La recherche de terrain, conduite par des spécialistes s’avère ainsi indispensable.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en