2020
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Catherine Capdeville-Zeng, « Les nouveaux dazibao - Représenter la lutte contre l'épidémie en Chine », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.1f4cb5...
L e dimanche 26 janvier 2020, deux amis chinois de passage à Paris déjeunent à la maison. Contrairement à ce qui était prévu, l'homme arrive seul, sans sa femme et sa fille. Cette dernière est grippée, il n'est pas question de nous contaminer. En effet, depuis quelques jours, la rumeur qui bruissait sur l'existence d'une nouvelle grave maladie contagieuse en Chine a été confirmée officiellement. La conversation a donc roulé principalement sur cette maladie mystérieuse. Nos amis devaient-ils rentrer en Chine ? Malgré leur inquiétude, tous deux ont finalement choisi d'y retourner, principalement pour des raisons familiales. Avant de partir, ils ont essayé d'acheter des masques, mais les pharmacies parisiennes avaient déjà toutes été dévalisées par des Chinois. De retour dans leurs villes respectives loin de Wuhan, leurs premiers messages racontent qu'il est interdit d'aller nulle part sans masque. Mais il y a un problème : les masques sont introuvables en Chine aussi. La suite, on l'a tous vécue, bien que de manière différente selon les sociétés. Si le contexte épidémique extraordinaire a favorisé partout des discussions et des circulations de messages et publications divers sur Internet, en Chine, on a vu surgir des illustrations poursuivant la tradition des dazibao, ces affiches en grands caractères placardées en masse lors des mouvements politiques qui ont rythmé la vie chinoise pendant toute l'époque maoïste, et qui avaient totalement disparu depuis les réformes, au début des années 1980. Certaines images m'ont semblé significatives et ainsi dignes d'être analysées pour réfléchir à la validité d'une parole désabusée énoncée par de nombreux Chinois, à savoir que leur pays est en train de retourner à l’extrémisme de la Révolution culturelle(1966‑1976).