2024
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Catherine Dupont et al., « Les produits de la mer », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.1f84cc...
Dans les années 1980, la direction de la circonscription des Antiquités Historiques (devenue Service régional de l'Archéo-logie en 1989) engageait un programme de recherche sur les ressources halieutiques des départements de la Vendée et la Loire-Atlantique. Les prospections motivées notamment par la dégradation des zones littorales du fait du tourisme furent engagées sur le trait de côte et en bordure des marais maritimes, principalement sur les thématiques du sel et des huîtres. Elles firent l'objet d'une communication à la journée d'étude interrégionale « travaux d'aménagement et archéologie » pilotée par le ministère de l'Urbanisme et le secrétariat d'État à l'Environnement et à la Mer en présence de Michel Brézillon, inspecteur de l'Archéologie (Nantes, 24 janvier 1984).Le travail de dépouillement des clichés aériens de l'aéronavale au 1/5000 e (année 1975-76), transmis par monsieur Hubert Joyeux, permettait la réalisation de la cartographie de 620 indices de sites dans la zone comprise sur 25 km au nord du marais poitevin de Saint-Benoist-sur-Mer à Benet. Ces travaux, menés de 1990 à 1993, ont permis d'établir un document ressource fructueux après la mise en place de la loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral (3 janvier 1986). En faisant le point sur l'érosion marine et touristique du littoral, cet état des lieux rejoignait les préoccupations de l'archéologie urbaine pour la préservation de l'archéologie dans les procédures d'urbanisme, faisant naître une archéologie par anticipation (décret 86-182 du 5 févr. 1986). En 1990, l'inventaire des gisements littoraux du canton de Talmont-Saint-Hilaire permit de hiérarchiser les priorités d'actions sur les productions de la mer.Par la suite, la multiplication des fouilles d'urgence (dénommées depuis préventives) a permis de découvrir d'autres utilisations inédites des fruits de la mer. Aspects géographiquesParmi les marais septentrionaux de la Vendée, celui de Monts est fermé par un cordon dunaire qui relie le rocher de Saint-Hilaire de Riez à celui de La Guérinière (en Noirmoutier) via les roches du Pont d'Yeu. La date de formation de ces ensembles dunaires a fait question. À la suite des fouilles entreprises sur les fours à sel de Brétignolles-sur-Mer et Saint-Hilaire de Riez (le Pissot), il est possible d'avancer l'hypothèse de construction par les Gaulois de fours à sel sur des dunes perchées. Pierre Stéphan et Jérôme Goslin (2014) décrivent une vitesse d'élévation du niveau de la mer qui diminue fortement à partir de 6000 ans BP, passant de 0,8 mm à 0,1mm par an, le caractère oscillatoire de la transgression marine holocène n'étant, selon eux, pas avéré. Là où l'avancée des dunes a pu fossiliser les parties supérieures des étendues intertidales (schorres), on trouve quotidiennement, sur le littoral aquitain en particulier, des vestiges d'occupations protohistoriques, sous l'effet du recul du trait de côte. Les schorres étaient bien occupés à La Tène finale si l'on en croit la position de certains sites de production du sel, par exemple au Gué-de-Velluire et à Nalliers. À l'âge du Fer, le cabotage connut une évolution dont il convenait d'évaluer les traces dans les habitats et les installations industrieuses côtières et rétro-littorales. Les photographies aériennes de Patrick Péridy et la couverture aérienne de l'aéronavale ont permis, avec le complément de clichés de Maurice Marsac, de faire avancer cette quête qui venait enrichir la liste des gisements littoraux fouillés anciennement : citons le vicus de Saint-Gervais, les villae de Bouillé-Courdault, Saint-Médard-des-Prés, Sallertaine (Pont-Habert), à Noirmoutier (villa Saint-Hilaire), Jard-sur-Mer (villa au trésor monétaire du III e siècle), et le Langon (collection Gendron), etc. Les travaux effectués sur le « banc d'huîtres » de Beauvoir-sur-Mer et les explorations menées sur les « briquetages » et « dépôts de cendres » ont conduit, dès 1987, à préserver de grands zonages d'études prospectives autour des marais littoraux et cordons dunaires. Les opérations de reconnaissance d'agglomérations gauloises et gallo-romaines ont pu, depuis, être développées avec des recommandations visant à y associer différentes spécialités de l'archéologie (géoarchéologie, archéozoologie…). La consommation de fruits de merL'exploitation des ressources marines est attestée dès le Néolithique en Vendée. Les indices de leur exploitation sont ténus à l'âge du Fer à la fois en termes de coquilles découvertes et du nombre de sites archéologiques où elles ont été étudiées : La Garenne des Ondées/Rondées (Brétignolles-sur-Mer, N. Rouzeau 1985, 1986), les Genâts 1 (Fontenay-le-Comte), le Grand Paisilier 2 (Pouillé) ou le Cimetière aux Chiens (Angles). Bien que rares, patelles, huîtres plates et plus anecdotiquement la palourde européenne ont été consommées. Ces trois espèces se retrouvent aux menus des populations gallo-romaines de Vendée (fig. 13) aux côtés, en ordre décroissant,