2007
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Richard Hugh Britnell, « La communication écrite et son rôle dans la société médiévale de l’Europe du Nord », Publications de l'École Française de Rome, ID : 10670/1.1i9ac7
Bien que la culture médiévale du nord de l’Europe ait tendance à se référer à des origines antiques et légendaires, elle ne devait en fait que très peu aux Romains. Certes le droit romain fut adopté dans certains pays dès le XIIIe siècle, et le latin devint la langue de l’Église et des professions universitaires. Mais il est également vrai que la communication écrite s’est développée à l’époque médiévale en suivant des directions nouvelles et très variées, ce qui nous amène à plusieurs considérations : (1) Les inscriptions avaient beaucoup moins d’importance au Moyen Âge qu’à l’époque romaine, sauf dans l’iconographie chrétienne ; elles ne s’emploient guère à des buts propagandistes, même sur des pièces de monnaie. (2) Les livres avaient une importance indéniable dans la divulgation d’idéaux politiques et culturels, comme dans l’instruction professionnelle, mais les élites étaient tellement jalouses de leurs privilèges sociaux qu’elles se méfiaient d’une augmentation du taux d’alphabétisme des classes inférieures ; en particulier elles s’opposaient à la circulation générale de bibles en langue vernaculaire. (3) Ces élites ne craignaient cependant pas de créer de nouvelles formes de documents de toute espèce (les commandements écrits, les diplômes, la diplomatique administrative) pour la protection des droits de propriété et pour l’exercice plus efficace du pouvoir : c’est le triomphe de «l’écrit pragmatique».