Freinet – Ferenczi : La « cure morale » proposée par Freinet mise en perspective avec la recherche ferenczienne d’une pédagogie prophylactique

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2024

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Frédérique Marie Prot, « Freinet – Ferenczi : La « cure morale » proposée par Freinet mise en perspective avec la recherche ferenczienne d’une pédagogie prophylactique », Cliopsy, ID : 10670/1.1jui12


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Je propose dans cet article de partir du fameux texte de Ferenczi de 1908 dans lequel il appelle de ses vœux une réflexion et une évolution des pratiques scolaires car celles-ci, dit-il, « constituent un véritable bouillon de culture des névroses actuelles » (Ferenczi, 1908/1968, p. 51). Ce texte porte en germe des éléments sur lesquels Célestin Freinet s’est exprimé vingt ans plus tard, lors d’une conférence à Leipzig intitulée « La discipline parmi les écoliers », conférence dans laquelle il fait la critique de ce qu’il nomme la « discipline oppressive ». Il semble que la question cruciale que pose Ferenczi se retrouve dans des pratiques imaginées et mises en œuvre par Freinet : si l’éducation reçue des adultes joue un rôle non négligeable dans la pathologie ultérieure de chacun, quels moyens thérapeutique et prophylactique envisager contre de telles pratiques ? L’éducation dans le monde allemand du XIXe et début du XXe siècle à laquelle Ferenczi fait vraisemblablement allusion est un modèle éducatif problématique car brutal. Il annulait chez les plus jeunes toutes formes de désir et de volonté. C’est d’une certaine façon tout le dilemme de l’éducation que questionnent psychanalystes et pédagogues : l’apport structurant de l’adulte à l’enfant d’une nécessaire frustration qui permette d’en faire un adulte civilisé – mais comment ? La proposition de Freinet est claire, elle s’entend suivant deux grandes idées qu’il a développées par la suite : une nouvelle organisation de l’école et de la classe permettant de sortir du modèle d’une discipline « oppressive » pour s’acheminer vers un nouveau modèle de discipline qu’il qualifia de « discipline libératrice », entendue en tant que libération de l’enfant de certains troubles psychiques. Cette capacité à agir avec sollicitude pour l’éducateur peut s’entendre comme possibilité de faire preuve de tact dans la relation avec les enfants. Introduit par Ferenczi, le tact revêt toute son importance pour le pédagogue. En effet, dans la notion de tact chez Ferenczi, il y a l’idée de toucher par une parole juste et efficiente, permettant de dire sans blesser au moment opportun. Dans les deux courts épisodes issus d’une réunion de coopérative que je présente, je tente de montrer que les professeures peuvent faire preuve de tact.

In this article, I look at Ferenczi’s famous 1908 text, where he calls for reflection on and changes to school practices, which, he says, “constitute a veritable breeding ground for current neuroses” (Ferenczi, 1908/1968, p. 51). This text laid the groundwork for Célestin Freinet’s lecture twenty years later in Leipzig, entitled “Discipline among schoolchildren,” in which he criticized what he called “oppressive discipline.” It seems that the crucial question posed by Ferenczi is echoed in the practices imagined and implemented by Freinet: if the education received from adults plays a significant role in the subsequent pathology of each individual, what therapeutic and prophylactic means can be envisaged to counter such practices? Education in nineteenth- and early-twentieth-century Germany, to which Ferenczi was probably referring, was problematic on account of its brutality. It suppressed all forms of desire and willpower in the young. In a way, it is the dilemma of education itself that psychoanalysts and pedagogues are examining: the structuring role that adults play in guiding children through necessary experiences of frustration, enabling them to become civilized adults — but how ? Freinet’s proposal is clear, and is based on two major ideas that he later went on to develop: a new organization of the school and the classroom that would enable us to move away from the model of “oppressive” discipline toward a new model of discipline that he described as “liberating discipline,” understood as freeing the child from certain psychological disorders. The educator’s ability to act with solicitude can be understood as the possibility of showing tact in the relationship with children. Introduced by Ferenczi, tact takes on its full importance for the pedagogue. Ferenczi’s notion of tact includes the idea of striking a chord with someone by using the right words at the right time, without hurting their feelings. In the two short episodes from a co-op meeting that I’m presenting, I aim to show that female teachers are capable of exercising tact.

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