Le groupe musical Ozomatli sous George W. Bush: Gage ou gageure ?

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2018

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Raphaël Ricaud, « Le groupe musical Ozomatli sous George W. Bush: Gage ou gageure ? », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.1kw8u1


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Ozomatli est un groupe de musiques hybrides populaires et contemporaines de Los Angeles. Ce collectif militant, connu pour son engagement politique sans concession, défend la cause des sans voix et dénonce lors de ses concerts les inégalités économiques. Quoique très ancré à gauche et extrêmement critique des choix opérés par le gouvernement Bush fils, c’est pourtant cet ensemble musical que le département d’État américain choisit comme ambassadeur culturel en 2006. Le choix est d’autant plus surprenant que le groupe, «multiethnique», chante en espagnol et se positionne clairement contre la guerre en Irak. Tout se passe alors comme si le pouvoir en place avait choisi l’image la plus éloignée de ce qu’il est pour se donner en représentation aux quatre coins du globe. Mais choisir Ozomatli comme envoyé musical en pleine guerre d’Irak est un marché de dupes: Karen Hughes, qui est alors sous-secrétaire à la public diplomacy et aux affaires publiques, sait bien que le groupe latino ne partage pas la ligne politique du président Bush, et pourra le faire savoir lors de chaque représentation. Les membres du collectif angelino ont, de leur côté, bien conscience que l’image progressiste du groupe est récupérée par le gouvernement en place. Même les spectateurs aux quatre coins du globe, qui assistent aux représentations électriques de ce groupe hybride, comprennent bien qu’il convient de différencier la politique étrangère des États-Unis des choix culturels opérés par le département d’État. Et pourtant, les différents acteurs semblent jouer le jeu. Dans quel espoir pouvoir et contre-pouvoirs forgent-ils une alliance? Que gagnent-ils à représenter l’Amérique autrement? Le collectif militant espère-t-il, en se donnant en représentation à travers le monde, pouvoir dire en musique les conflits qui opposent les opprimés aux puissants dans un contexte de libéralisme exacerbé? Le gouvernement Bush espère-t-il, par le biais d’une musique métissée et festive, modifier l’image que l’Amérique donne d’elle-même au-delà de ses propres frontières? La tournée et ses aléas modifièrent-ils les points de vue originels? Afin de répondre à ces questions, cette communication se propose d’étudier le phénomène de médiatisation d’un collectif alternatif par une entité institutionnelle en période de conflit. Dans un premier temps, on rappellera les divergences fortes qui opposent le groupe à son improbable sponsor. Dans un second temps, on explicitera ce en quoi la réalité de tournées diplomatiques diffère grandement de tournées commerciales. Dans un dernier temps, on rappellera que le département d’État américain ne fait que s’inscrire dans une tradition entamée lors de la guerre froide, où des musiciens de jazz afro-américains avaient été choisis comme «ambassadeurs du monde libre» alors que l’Amérique pratiquait encore une politique ségrégationniste à domicile. En définitive, on notera que la public diplomacy des États-Unis, censée façonner les opinions politiques mondiales en temps de crise, vise aussi à renforcer les grands mythes qui forgent l’identité nationale américaine.

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