15 décembre 2018
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Florence Klein, « Écho, l’intertextualité déformante et une poétique « féminine » chez Ovide et quelques autres », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10.4000/polysemes.4420
Cet article se propose de revenir sur l’utilisation de la figure d’Écho comme marqueur d’intertextualité dans trois textes antiques : l’épigramme 28 Pf de Callimaque (IIIe siècle av. J.-C.), l’épisode d’Écho et Narcisse que l’on trouve au livre III des Métamorphoses d’Ovide (Ier siècle av. J.-C.) et la première satire de Perse (Ier siècle ap. J.-C.). En particulier, il se concentre sur deux aspects du fonctionnement de la citation poétique que mettent en lumière ces textes. Le premier est le caractère créatif et nécessairement “infidèle” de toute relation intertextuelle : on propose alors une analyse de l’épigramme de Callimaque qui dit la hantise ressentie par le poète de la perte de contrôle que représente la réception de son œuvre par ceux qui la liront, répèteront ses mots et la déformeront ; quant au texte d’Ovide, il se place du point de vue de l’auteur citant (et infléchissant) ses modèles, en nous proposant, avec l’histoire d’Écho un véritable art poétique de l’intertextualité déformante et créatrice. Par ailleurs, et c’est le second aspect de la relation intertextuelle qui y est mis en lumière, Ovide semble assigner à cette poétique intertextuelle, en ce qu’elle est nécessairement seconde, un caractère supposément féminin, comme on peut le voir en confrontant le texte des Métamorphoses aux préceptes de l’Art d’Aimer. Ce caractère “féminin”, ou plutôt efféminé, des jeux virtuoses de l’allusion poétique est confirmé, en même temps que vivement dénoncé, par un lecteur critique d’Ovide, le poète Perse.