Consommatrices de drogues

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Sarah Perrin, « Consommatrices de drogues », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.1mfw9r


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Les femmes usagères de drogues ont souvent été la cible des politiques publiques. Au XVIIe siècle en Grande-Bretagne, les autorités religieuses et laïques tentent de réprimer les consommations féminines de gin, estimant que l’alcool éloigne les femmes de leurs devoirs maternels. À la fin du XIXe siècle en France, la morphinée est considérée comme une décadente qui contrarie les normes de genre en s’administrant une substance qui porte atteinte à un corps destiné à la procréation. Les femmes usagères de drogues ont longtemps été considérées comme contre-nature. Il était inconcevable qu’une femme puisse aller à l’encontre des normes sociales : si elle le faisait, son comportement était jugé comme pathologique. Les femmes consommatrices de drogues ont donc longtemps constitué un impensé scientifique et social. Actuellement, les statistiques policières et sanitaires peuvent laisser penser que les milieux des usages de drogues sont masculins. Cependant, ces chiffres ne reflètent pas la féminisation des usages de drogues. L’écart entre les données auto-déclaratives et les statistiques sanitaires et répressives est dû au fait que ces dernières sont bien davantage le reflet des activités de la police et des groupes jugés problématiques par les pouvoirs publics que de la réalité sociale. Les consommations de substances féminines sont souvent analysées sous le prisme de la maternité ou du travail du sexe. Les motivations à la consommation des femmes sont davantage analysées sous l’angle psychopathologique. L’inexistence de cadrage théorique autour du genre dans ces recherches pousse à remettre en question plusieurs des résultats rapportés. Comme les buveuses de gin ou les morphinées, les femmes consommatrices de drogues sont aujourd’hui encore trop souvent considérées sous le prisme de stéréotypes de genre. Elles sont mamans ou putains, des corps reproducteurs ou sexuels avant d’être des individus. On sait pourtant que l’usage de drogues féminines peut être, pour certaines, un moyen de s’émanciper et de s’affirmer, comme l’ont fait les garçonnes après la Seconde Guerre Mondiale ou les femmes du mouvement hippie. Prendre en compte les spécificités de genre dans les usages de drogues est essentiel, mais l’enjeu est de le faire d’une manière qui ne soit pas stigmatisante, en se décentrant du regard naturalisant porté sur les femmes consommatrices.

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