2023
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Pascal Boniface, « L'Année stratégique 2024 : Vers de nouveaux équilibres internationaux ? », Hors collection, ID : 10670/1.1mn3y7
Alors que le soutien occidental à l’Ukraine ne se dément pas dans une guerre qui s’enlise, il n’essaime pas pour autant. Le conflit agit ainsi comme un catalyseur d’équilibres internationaux en recomposition. Il accélère la fragmentation de l’économie mondiale autour de la rivalité sino-américaine. L’hégémonie des États-Unis est de toutes parts challengée, et c’est en Asie que se cristallise particulièrement la contestation de l’ordre occidental, Pékin se posant en alternative. L’Union européenne, pour sa part, se trouve comme renvoyée aux débats sur son impuissance et sa dépendance qui primaient au tournant du XXIe siècle, là où l’augmentation des budgets de défense observée sur le Vieux Continent ne va guère dans le sens de son autonomie stratégique. Soucieux de ne pas se laisser prendre au piège de la rivalité sino-américaine et du conflit déclenché par la Russie en Ukraine, d’aucuns cherchent à affirmer leur propre voix. Le Brésil ouvre désormais de nouvelles perspectives régionales en Amérique latine, quand la physionomie géopolitique du Moyen-Orient paraît substantiellement en passe de se modifier. La guerre en Ukraine aura aussi révélé l’émergence internationale des pays africains en tant qu’acteurs à part entière, émancipés du suivisme qui tendait à les caractériser. Cette conjonction des chocs sanitaire, économique et géopolitique observés depuis plus de trois ans semble, en outre, marquer l’entrée dans une nouvelle ère d’insécurité énergétique mondiale. Face au changement climatique, celle-ci démontre qu’une incapacité à penser le changement de système, en particulier en matière d’économie et de finance, continue d’imprégner durablement l’agenda international.