31 octobre 2018
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Emmanuel Trouillard, « FANTÔMES EN RÉSEAUX : SPECTRES CONTAGIEUX ET REVENANTS CONNECTÉS DANS LE CINÉMA HORRIFIQUE DEPUIS RING DE HIDEO NAKATA », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.1n8hlj
À l’heure de l’essor des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), et en particulier d’Internet depuis la seconde moitié des années 1990, de nouvelles figures de spectres, les « fantômes en réseaux », ont émergé. À la suite du film Ring (1998) de Hideo Nakata, qui représente pour eux un moment fondateur, ils ont particulièrement prospéré dans le cinéma horrifique japonais, avant d’essaimer à l’international. Leur succès s’est globalement appuyé sur deux dispositifs spatiaux distincts, avec d’une part, des « spectres contagieux », dont la malédiction se transmet et se diffuse sur le modèle d’une épidémie, au fil des interactions propres à un réseau de sociabilité et d’autre part, des « revenants connectés », capables, sur le modèle de l’administrateur d’un réseau informatique, d’exploiter, voire de créer des réseaux pour s’y projeter ensuite à volonté, leur capacité d’action tendant dès lors vers l’ubiquité. L’article développe l’hypothèse selon laquelle ces revenants en réseaux sont les manifestations d’une angoisse sociale ambivalente, oscillant entre peur de l’autre comme perpétuelle source d’inconnu (spectres contagieux) et peur de l’isolement et de la perte de l’identité (revenants connectés).