De la période coloniale au développement durable

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10 avril 2020

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Florence Pinton, « De la période coloniale au développement durable », Revue d’anthropologie des connaissances, ID : 10.3917/rac.023.0425


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Cet article se place du côté des « savoirs locaux » sur la nature et retrace les approches menées par l’anthropologie et la sociologie françaises, deux disciplines marquées par la dualité nature/culture. La première partie confronte le regard posé par l’Occident sur ses populations rurales à la pensée coloniale qui a accompagné la naissance de l’anthropologie. La deuxième partie retrace, après la décolonisation, l’émergence d’une vision renouvelée du changement social qui engage différemment l’anthropologie en reliant le développement des sociétés à la problématique des rapports nature/culture. Plusieurs champs de recherche se sont ainsi constitués autour des savoirs traditionnels et des savoirs locaux, confortés par les évolutions sociétales et la constitution de nouveaux objets de gouvernement – biodiversité et agrobiodiversité, déforestation, changement climatique, services écosystémiques – dans lesquels les populations locales et leur savoir sur le vivant sont mis à contribution. Ces évolutions s’insèrent dans un processus de mondialisation du savoir dont la fabrication, la circulation et l’appropriation doivent être interrogées compte tenu de la position relative des pays du Sud qui avancent dans un monde économique et scientifique façonné par les Occidentaux.

The aim of this article will be to explore the “local knowledge” of nature, while revisiting French anthropology and sociology, two disciplines both marked by the dualism between nature and culture. The first part compares the occidental view of rural populations with colonial thoughts that appeared along with anthropology. The second part, after decolonization, retraces the emergence of a renewed vision on social change, engaging anthropology in a different way by linking the development of societies to the problematics of the links between nature and culture. Different fields of research have thus been established around traditional and local knowledge and then confirmed by societal developments and the construction of new objects of government –biodiversity, agrodiversity, deforestation, climate change, or ecosystem services– around which local populations and their knowledge of the living world are being mobilized. Such changes are part of a broader globalization process whose making, circulation and appropriation deserve to be questioned given the relative position of southern countries in an economic and scientific world which has been shaped by the west.

El objetivo de este texto es situarse del lado de los «conocimientos locales» sobre la naturaleza y recordar los estudios realizados por la antropología y la sociología francesas, dos disciplinas marcadas por la dualidad naturaleza/cultura. La primera parte confronta la mirada occidental sobre sus poblaciones rurales con el pensamiento colonial que acarreó el nacimiento de la antropología. La segunda parte cuenta el surgimiento, después de la descolonización, de una visión renovada del cambio social, que implica de manera diferente a la antropología, vinculando el desarrollo de las sociedades con la problemática de la relación naturaleza/cultura. Numerosos campos de investigación se han constituido así, en torno a saberes tradicionales y saberes locales reforzados por las evoluciones societales y por la constitución de nuevos objetos de gobierno –biodiversidad y agrobiodiversidad, desforestación, cambio climático, servicios ecosistémicos– en los cuales las poblaciones locales y su saber sobre la naturaleza están involucrados. Estas evoluciones se insertan dentro de un proceso de mundialización del saber, en el cual la fabricación, la circulación y la apropiación deben ser cuestionadas, teniendo en cuenta la posición relativa de los países del Sur que avanzan dentro de un mundo económico y científico moldeado por los occidentales.

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