2015
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Philippe Gréa, « Proverbe, transposabilité et forme forte », HAL-SHS : linguistique, ID : 10.1075/li.38.1.02gre
Sur la base de quelle qualité mystérieuse les locuteurs parviennent à établir la distinction entre une simple phrase générique (les instituteurs ne gagnent pas beaucoup d’argent) et un proverbe (les cordonniers sont les plus mal chaussés) ? Du point de vue formel, ces deux types d’énoncés sont très proches et pourtant, seul le second a la capacité de s’appliquer à d’autres domaines que celui de la cordonnerie. Cette capacité, nous l’appelons la transposabilité et nous en rendons compte au moyen d’une hypothèse qui s’applique aux proverbes, mais aussi aux expressions figées sémantiquement transparentes : un proverbe lexicalise une forme sémantique réduite à quelques traits organisés entre eux par des relations sématniques, et que l’on représente, en nous inspirant du formalisme de (Sowa, 1984), sous la forme d’une molécule sémique (Rastier, 1989). Pour expliquer le caractère transposable d’une molécule sémique, nous faisons alors appel à une notion issue de la Gestaltheorie, la notion de forme forte. Un proverbe est transposable sans contrainte à condition de lexicaliser une forme forte, c’est-à-dire une molécule manifestant un haut degré de cohésion interne. Au plan sémantique, nous montrons que cette cohésion se mesure à l’aune de deux facteurs : (i) une architecture relationnelle inhérente ou socialement normée, et (ii) une articulation sans restes.