2020
Cairn
E. Ann McDougall, « Introduction. ‘Who are the ḥarāṭīn?’ Asking the right questions… », L’Ouest Saharien, ID : 10670/1.1qyj42
En 2011, les participants à un atelier généré par un projet de recherche canadien (2008-2012) concernant une classe sociale appelée ḥarāṭīn, se sont livrés à une série d’entrevues. Dans le sud du Maroc, les ḥarāṭīn sont vus comme étant inférieurs aux esclaves ; en Mauritanie, ils sont considérés comme ayant été « retirés » de l’esclavage, donc supérieurs. Pourquoi ? Nos auteurs comparent les expériences de ces ḥarāṭīn aux données de leurs propres recherches menées dans la même région et dans les régions voisines. Plusieurs thèmes émergent. L’étymologie reste une question contestable dans le débat en cours qui réfère toujours à la langue arabe. Taine-Cheikh soutient une origine berbère. La race demeure au cœur de la compréhension de l’identité ḥarāṭīn. Mais il est intéressant de noter que les notions construites de ce concept et de la reconnaissance de la vraie couleur de peau interviennent souvent côte à côte. L’islam constitue un contexte pour le statut relationnel des ḥarāṭīn, en particulier à travers l’interdépendance issue du walā Ɂ, une notion religieuse qui intervient après l’affranchissement. Islam est aussi une caractéristique déterminante de la différence notée dans la situation des ḥarāṭīn entre le Maroc et la Mauritanie. Le « statut » lui-même est remis en question. Une lecture à travers des études de cas suggère que la « condition » et les expériences de vie de ces ḥarāṭīn pourraient être de meilleurs critères de comparaison. Vous avez là une image des ḥarāṭīn tels qu’ils se voyaient et tels qu’ils étaient vus à la veille d’un changement politique irréversible − le printemps arabe en Afrique du Nord (2011) et l’épisode de « brûler des livres » islamiques en Mauritanie (2012).