23 octobre 2012
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Étienne Gérard, « Apprentissage et scolarisation en milieu artisanal marocain », Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, ID : 10670/1.1upvbi
Cet article s’intéresse, dans le cas du milieu artisanal de Fès, au Maroc, aux relations entre deux “systèmes de savoirs” distincts : le système scolaire d’une part, l’apprentissage traditionnel “sur le tas” d’autre part. Après une première partie consacrée au statut du savoir des maîtres-artisans dans ce milieu, il s’interroge sur le rapport de ces mêmes artisans à la question scolaire. Apparaît un “double jeu” en la matière : tandis qu’ils relèguent, dans les ateliers, les jeunes anciennement scolarisés à des fonctions secondaires, les maîtres-artisans choisissent, davantage que bien d’autres catégories socioprofessionnelles, de scolariser leurs enfants. Ce double jeu met en lumière les fonctions socialement différenciées des différents savoirs : à travers une survalorisation de leurs savoirs pratiques et une dépréciation des savoirs académiques dans les ateliers, les maîtres artisans sauvegardent au mieux leur pouvoir ; en adhérant à la scolarité pour leurs enfants, ils tentent simultanément de les engager dans une dynamique de mobilité sociale par le capital scolaire. Mais, la logique de reproduction des capitaux de production d’une part, la marginalité du secteur de l’artisanat dans la société d’autre part – précisément parce que les artisans n’ont pas participé à la dynamique scolaire – entravent ce mouvement de scolarisation. Les enfants de l’artisanat ne sont-ils pas alors, d’une certaine manière, “interdits d’école” ?