Battles of hunger: Stakeholders, scales and power games Batailles de la faim : jeux d’acteurs, d’échelles et de pouvoir En Fr

Résumé En Fr

Hunger is a constructed phenomenon, inherent to human societies, whatever the level of available resources, political regimes or governance. The relationship between hunger and politics is close: hunger crystallizes relationships of force and power, giving rise to multiple battles, both material and symbolic. In this issue, the texts highlight the lived experiences, practices and norms of individual, collective and institutional actors, and their multiple conflicts and interests at stake. The double political and empirical prism used here generally appears to be a blind spot, or even an unthought, for any institutions (state apparatus, aid and development actors, etc.), which define the fight against hunger in terms of standardized objectives, according to a process often presented as consensual. However, the nature of powers and antagonistic visions of hunger contradicts technocratic readings: battles are born and crystallize because of relationships of domination, logics and opposing interests. The dossier thus addresses the controversies surrounding the definition and delimitation of hunger; hunger as a source of demand for rights and resources, or as a tool for protest and collective action; and the use of hunger for the purposes of social and political control of populations. In doing so, we hope to provide knowledge and insights that will contribute to making hunger a public issue and food a common good.

Peu de phénomènes ont influé aussi intensément sur le comportement politique des peuples que le phénomène alimentaire et la tragique nécessité de manger » (de Castro, 1952, p. 21). La faim, problématique ancestrale des sociétés humaines en prise avec différents ordres (matériels et symboliques), est pourtant relativement peu étudiée par les sciences humaines et sociales, du moins en France. Partant de ce constat, nous consacrons ce numéro aux diverses formes de conflits, tensions et expériences de la faim, passées ou actuelles, allant de la sphère de l'intime aux arènes politiques. Ces dimensions sont d'autant plus prégnantes que la crise actuelle, liée à la pandémie de covid-19, tend à les visibiliser de manière accrue. Depuis 2020, la faim est revenue dans des territoires et des milieux où elle était globalement contenue, à l'instar de ce que l'on a pu observer lors de la crise dite des subprimes, en 2007-2008. Elle a été rendue également plus visible parce qu'elle a touché plus intensément des catégories modestes, déjà fragilisées, mais jusque-là plutôt discrètes, dans les sociétés industrialisées que l'on croyait à l'abri (travailleurs mobiles et précaires, étudiants, actifs saisonniers…).