Du secret à la place publique : l’élection de la Seigneurie à Florence (XIVe-XVe siècle)

Résumé Fr

Alors que le filon des recherches sur le cérémonial civique de la Florence des derniers siècles du Moyen Âge et de la Renaissance a été particulièrement fécond, les formes rituelles de la procédure d’élection de la Seigneurie florentine n’ont quasiment pas mobilisé l’attention des historiens. Pourtant, le gouvernement oligarchique florentin se dota d’un système électoral riche et sophistiqué dont la portée symbolique fut à la hauteur de la complexité de ces techniques. Les statuts urbains de 1415 en fixèrent la pratique – juridique et rituelle à la fois : d’abord le scrutin, à savoir le moment crucial de la vraie élection dans le secret du palais du Capitaine du peuple, le Bargello ; ensuite le tirage au sort à l’intérieur du Palazzo Vecchio mais à portes ouvertes ; enfin le couronnement des Prieurs et du Gonfalonier de justice sur la place de la Seigneurie. Nous retrouvons là autant de lieux emblématiques que de séquences constitutives du cérémonial électoral où l’espace fusionne parfaitement avec le langage rituel. C’est sur la place politique par excellence que le rituel réclamant la présence d’une grande foule de citoyens déploie et actualise l’idéal de la libertas florentine fondé sur les principes de la rotation et de l’impartialité des charges. Et tout cela se répète immuablement tous les deux mois quel que soit le temps. Impossible de l’oublier.