Pression urbaine et dynamique des paysages sur les mornes de Ngaoundéré (Cameroun)

Résumé En Fr

Urban pressure and the dynamics of the landscape in the hills of Ngaoundere (Cameroon). Located at the altitude of 1 100 meters, the town of Ngaoundere (115 000 inhabitants) stretches out on one of the volcanic plateaus of the region of Adamaoua. South, a series of granite and volcanic outcroppings (Ngaou in mboum dialect) reach the height of 1 337 meters at Ngaou Ndin. These Ngaous, former refuge sites during times of trouble show traces of recent soil erosion and damage to the vegetation cover linked to the high rate of human occupation. Last stop on the transcameroonian railway line, the town has known an expansive and disorderly growth. Areas which are not earmarked for construction are progressively being invaded by people. Swampy grounds and the steep slopes of the outcroppings are being colonized after the vegetation is destroyed by agriculture, peri-urban overgrazing and firewood collection. The steep slopes are overexploited and this induces severe forms of erosion (falling rocks, landslides, gullies), the accumulation of alluvial products and material from run-off and floods. Both the favorable form of climate and the evolution of social structures, with its conflicts and its socio-economic power stakes, resulting in a particular mode of structuring and use of space in this newly settled area, must be taken into account to understand these phenomena. As a result, city dwellers, in small numbers up until now, have resorted to find ways of fighting erosion, one of the most original being the planting of Musa balbissiana. Turning ravines into water outlets also proved to be a rational use of them and gave good results.

Située à 1 100 m d’altitude, la ville de Ngaoundéré (1 15 000 habitants) s’étend sur un des plateaux de l’Adamaoua. Au sud, une série de mornes (Ngaou en dialecte mboum) granitiques et volcaniques culminent à 1 337 m au Ngaou Ndin. Ces Ngaou, anciens sites refuges lors des périodes troublées, présentent des formes récentes de dégradation du couvert végétal et des sols, du fait d’une très forte occupation humaine. Ce terminus du chemin de fer transcamerounais a une croissance spatiale anarchique. Les sites déclarés inconstructibles sont envahis progressivement par la population. Les bas fonds marécageux et les pentes fortes des mornes rocheux sont construits après destruction du couvert végétal par l’agriculture, le surpâturage périurbain et l’exploitation du bois de chauffe. Cette surexploitation des pentes fortes s’accompagne d’importants phénomènes érosifs (chutes de pierres, éboulements, ravinements des versants), entraînant des accumulations de produits alluvio-colluviaux et des inondations. Ces phénomènes sont liés à des conditions morphoclimatiques propices, ainsi qu’aux modes de structuration et d’utilisation des espaces nouvellement conquis, découlant de l’évolution des structures sociales, des conflits et des enjeux de pouvoir socio-économique. Les conséquences de ces dysfonctionnements ont obligé les citadins, encore en faible nombre, à développer des moyens de lutte dont un des plus originaux consiste en la plantation de Musa balbissiana. L’aménagement rationnel des ravines en canaux d’évacuation des eaux donne également des résultats probants.