Droits, propriété et exclusion. Une discussion avec Catherine Colliot-Thélène

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Cet article discute certaines des thèses exposées par Catherine Colliot-Thélène dans son dernier ouvrage, Le commun de la liberté (2022). Après un bref rappel des liens de continuité entre ce dernier et La démocratie sans « demos » (2011), concernant en particulier la question centrale, dans les deux livres, des droits subjectifs, je m’intéresse à la manière dont les thèmes de la propriété et de l’exclusion sont traités par l’autrice. Au sujet de la propriété, dont je tâche de déterminer le sens employé dans le livre, c’est l’usage conjoint, paradoxal, et finalement fructueux des théories de Kant et de Marx qui est examiné ici. Due à la dépossession ou à l’absence de propriété, selon Colliot-Thélène, l’exclusion est le problème majeur des démocraties contemporaines qui défie leurs principes universalistes : je souligne l’originalité de son approche en termes de droits et suggère certains prolongements que peut fournir la littérature sociologique et ethnologique à celle-ci.

This article discusses some of the theses put forward by Catherine Colliot-Thélène in her latest book, Le commun de la liberté (2022). After a brief reminder of the links of continuity between the latter and La démocratie sans “demos” (2011), concerning in particular the central question, in both books, of subjective rights, I turn to the author’s treatment of the themes of property and exclusion. With regard to property, whose meaning I seek to determine in the book, it is the joint, paradoxical and ultimately fruitful use of Kant’s and Marx’s theories that is examined here. According to Colliot-Thélène, the major problem of contemporary democracies is exclusion due to the dispossession or absence of property, which defies their universalist principles: I underline the originality of her approach in terms of rights, and suggest some extensions that sociological and ethnological literature can provide to it.