Contre les faits

Résumé 0

Dans la philosophie analytique contemporaine, les faits sont des entités plutôt populaires. Pourtant les arguments en leur faveur paraissent plutôt légers. On défend habituellement les faits sur la base d'arguments a priori sémantiques ou épistémologiques et suivant une stratégie argumentative abductive à la meilleure application, tel l'argument du Truth-Maker d'Armstrong. Suivant cette ligne de raisonnement, on aurait besoin des faits pour expliquer des données sémantiques ou perceptuelles importantes. Les travaux récents en métaphysique analytique expriment toutefois une insatisfaction croissante par rapport aux arguments a priori de cette espèce en faveur d'entités ou contre elles, en particulier par rapport aux arguments sémantiques a priori. Si on veut argumenter en faveur d'une certaine catégorie ontologique, suivant cette récente tendance, il faut de véritables arguments ontologiques. Mais peut-être est-il impossible de trouver de véritables arguments ontologiques en faveur des faits. Peut-être les faits ne sont-ils pas le genre d'entités pour lesquelles il est possible de donner d'autres arguments que sémantiques ou épistémologiques. Si l'on devait concéder cela, la seule chose qu'il resterait à faire à un adversaire des faits serait de montrer que d'autres entités, moins problématiques, peuvent remplir la même tâche que les faits. Des rivaux notables seraient les tropes.Le travail systématique sur les tropes progresse constamment et il n'est pas facile de soutenir que la théorie des tropes, à la fin, doive succomber. Mauvaise nouvelle pour les faits! Avec une modération bienvenue, certains théoriciens des faits préfèrent présenter leur métaphysique des faits comme une hypothèse. J'adhérerai à leur modération, mais dans ce qui suit, cette hypothèse s'avérera peu vraisemblable.