11 décembre 2021
Houda Baïr, « Les leçons d’une carte. Colonisation et construction de l’espace migratoire franco-tunisien (milieu du XIXe siècle-années 1970) », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.1za0pu
Une affiche comportant une carte de la Tunisie a été diffusée dans les média et au sein du milieu agricole français au début des années 1890. Du fait de la mention qui y est mise en évidence, « Terres à vendre », elle est alors à la fois l’outil et le symbole de l’évolution de la politique adoptée par la France en faveur d’une colonisation de peuplement de la régence de Tunis. La diffusion de ce document sur les réseaux sociaux en septembre 2020 est significative, de la part de ceux qui en ont pris l’initiative, d’une volonté de rappeler l’un des épisodes majeurs de l’histoire tunisienne. Cette étude est consacrée à l’analyse de l’avant et de l’après de ce document. L’avant, c’est principalement le processus de cartographie de la Tunisie qui a été piloté par les autorités françaises et s’est développé au cours du XIXe siècle. Ce processus a en effet constitué l’une des conditions d’instauration, en 1881, du protectorat, dont le document de 1891 a été l’une des traductions en faveur de l’immigration française, notamment agricole, immigration qui a engagé l’après. Cette seconde période a connu une importante rupture lors de l’accession de la Tunisie à l’indépendance, en 1956. Cette rupture prit alors la forme d’une double migration vers la France : celle des Français eux-mêmes, mais aussi celle de travailleurs tunisiens de plus en plus nombreux à rechercher un emploi à l’étranger. L’ensemble de ces phénomènes, depuis la cartographie du XIXe siècle jusqu’à la constitution d’un espace migratoire franco-tunisien, forme une totalité historique dont cette contribution dégage et analyse les moments-clés.