23 juillet 2014
Alexis Avdeeff, « Healing encounters in rural South India: The soothsayer’s word as a means to relieve mental distress », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.1zetwg
Tout processus divinatoire débute par une requête de la part du consultant. Qu’elle soit implicite ou explicite, celle-ci est toujours motivée par une angoisse, par une anxiété, quant à un événement passé, présent, ou futur. Dans le sillon des études menées par Perinbanayagam (1981), Pugh (1983a ; 1984) ainsi que de celle de Contreras et Favret-Saada (1990), il va s’agir, dans cette communication, de mettre au jour les différents procédés discursifs mis en œuvre par l’astrologue dans le processus consultatif dans le but de dénouer la situation problématique de son consultant. En me basant sur des données collectées lors d’une enquête de terrain menée chez les astrologues Vaḷḷuvar du Tamil Nadu, je montrerai comment la confrontation dialogique de deux paroles, de statuts différents, au sein de cet espace thérapeutique est le moteur qui permet à la thérapie divinatoire de se dérouler jusqu’à amener le consultant à construire une nouvelle image de sa situation. La consultation astrologique apparaît ainsi comme un processus dialogique visant à analyser, comprendre et reformuler la situation du consultant, dans laquelle l’acte divinatoire à proprement parler n’occupe finalement qu’une place limitée. Vu sous cet angle, la parole divinatoire sert moins à formuler des prédictions « vraies » qu’à mobiliser les catégories du visible et de l’invisible, à travers un jeu dialogique de va-et-vient entre, d’une part, les éléments perceptibles de la situation du consultant et, d’autre part, ceux révélés par l’horoscope, et ce, afin de produire une parole thérapeutique et porteuse de sens.