"A la recherche du temps perdu... Jean-Paul II et l'Amérique latine"

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2006

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Olivier Compagnon, « "A la recherche du temps perdu... Jean-Paul II et l'Amérique latine" », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.2198r1


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En dressant le bilan de la politique vaticane en Amérique latine de la fin des années 1970 jusqu'en 2005, cet article entend à la fois éclairer les dynamiques du pontificat de Jean Paul II et les profondes recompositions religieuses affectant l'espace latino-américain depuis le milieu du XXe siècle. Perceptible dès lors que l'on cartographie ses nombreux voyages internationaux, l'attention portée par le pape à l'Amérique latine, dès son élection en 1978, s'explique autant par le fait qu'il s'agit du « continent le plus catholique du monde » – dans un contexte où la tendance à la sécularisation des sociétés européennes ne se dément pas – que parce que le catholicisme y est confronté à deux défis essentiels : la remise en question du monopole confessionnel qu'il détenait depuis la fin du XVe siècle, liée à l'essor spectaculaire des Églises pentecôtistes d'une part ; l'émergence du christianisme de libération d'autre part, qui porte à la fois un discours contestataire sur le rôle de l'Église dans la transformation des sociétés latino-américaines (théologie de la libération) et des pratiques alternatives dans la gestion des biens du salut (communautés ecclésiales de base). Durant plus d'un quart de siècle, la politique romaine en Amérique latine consiste à répondre à ces deux défis. D'une part, la théologie de la libération est mise au pas par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (sous la houlette du cardinal Ratzinger) dès le milieu des années 1980 : accusés d'entretenir avec le marxisme des liaisons dangereuses, les théologiens hétérodoxes d'Amérique latine (Leonardo Boff et Gustavo Gutiérrez notamment) sont réprimandés ou contraints au silence parce qu'ils remettent en question l'univocité de l'Église et l'autorité du pape. D'autre part, Rome déploie toute une série de stratégies destinées à contrer l'effusion pentecôtiste : à destination des élites, en favorisant l'essor de l'Opus Dei (nominations d'évêques, financement de pôles universitaires, etc.) ; mais aussi à destination de la grande majorité des fidèles, en promouvant des liturgies « chaudes » – à l'instar du pentecôtisme justement – avec le Renouveau charismatique.Le bilan de cette politique apparaît toutefois très maigre. La ferveur pentecôtiste n'a jamais cessé de croître en Amérique latine sous le pontificat de Jean Paul II, les indicateurs statistiques les plus récents confirmant que le recul du catholicisme se poursuit à un rythme très rapide. En outre, et de manière très paradoxale, la répression du christianisme de libération peut être interprétée comme un facteur ayant favorisé l'expansion des nouveaux mouvements religieux, dont les stratégies prosélytes reposent très largement sur la prise en charge des exclus et des franges anomiques des sociétés latino-américaines.

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